Comme toutes les villes médiévales, Riom se dote très tôt de remparts, sans doute à l’origine de simples palissades de bois remplacées à l’époque d’Alphonse de Poitiers (1241-1271) par des fortifications de pierre.

Les travaux du siècle des LumièresRemaniées à diverses reprises, les murailles de Riom forment au début du 18e siècle une ceinture de deux kilomètres de long, percée de quatre portes et d’une poterne. Une quinzaine de tours rappellent que cette enceinte trouvait son origine dans la nécessité de protéger la ville. Mais les remparts, devenus inutiles, apparaissent comme une entrave en un siècle soucieux d’agrément pour la vie urbaine. En partie ruinés, ils sont vendus ou démolis dès 1739 ; les portes sont abattues, les fossés comblés et plantés. Ces grands travaux durent jusqu’en 1773 et donnent naissance aux boulevards, longtemps encore appelés les fossés ou la promenade par les Riomois.

La promenadeLes murailles disparues, leur emplacement dicte le tracé de promenades spacieuses et inspire un urbanisme verdoyant. À la fin du 19e siècle, vers 1880, les arbres de la promenade sont replantés. Tilleuls au nord, marronniers à l’est, érables à l’ouest, et platanes au sud-est, les plantations correspondent aux espèces conseillées par Alphonse Du Breuil, professeur d’arboriculture au Conservatoire national des arts et métiers. Leur espacement garantit une promenade à l’ombre des frondaisons. Le boulevard Desaix, conserve une collection rare de platanes d’alignement plantés à cette époque.

Au 18e siècle, les portes médiévales disparaissent lors de la destruction des remparts entre 1739 et 1768. Mais, alors que la ville s’ouvre sur l’extérieur, paradoxalement les montants des portes sont remplacés par de forts piliers surmontés soit de pots à feu soit de pyramidion pour en signifier l’entrée. À cette époque, et notamment dans l’Encyclopédie, la ville est encore définie par la porte.

Des entrées de villeCertaines portions du boulevard reçoivent un traitement particulier, c’est le cas des deux entrées principales de la ville ; celle de l’ouest, avec la porte de Mozac soulignée par la fontaine du Crapaud, celle du nord magnifiée par  la porte de Layat.Entre 1782 et 1784, à l’instigation de l’intendant d’Auvergne Chazerat, la porte de Layat est réaménagée par l’architecte Attiret. Il s’agit d’une réalisation complexe comprenant deux rampes pour les voitures, deux escaliers pour les piétons et une fontaine monumentale : une composition architecturale propre à impressionner le visiteur venant de la capitale et qui crée une trouée dans la promenade ombragée dont les contre-allées sont dotées de bancs.Adossée au mur du côté boulevard, la fontaine du Crapaud, plus modeste, se compose d’un bassin et d’une niche ornée d’une tête de crapaud, de branches de roseaux et d’effets de concrétions.

Sous la protection de la Vierge et des confrériesTraditionnellement, toutes les portes de Riom sont placées sous la protection de la Vierge. Des niches abritent la statue de Marie dont le culte est relayé par les confréries.Notre-Dame des Neiges, fêtée le 5 août et  vénérée par une confrérie féminine qui exerçait des œuvres de miséricorde, elle protégeait à l’origine la porte de Layat.C’est la  confrérie de la Nativité de Notre-Dame de Septembre, de la porte de Mozac, qui fête la Vierge le 8 septembre.Notre-Dame des Farries, du latin far (blé), aussi fêtée le 5 août est la plus ancienne connue. Elle protégeait à l’est la porte de la Bade, ouvrant sur la Limagne et, lors des processions, elle  était escortée par les laboureurs.Notre-Dame de la Délivrance, à l’emplacement de la porte de la Poterne, au sud-ouest de la ville, est fêtée le dimanche d’après l’Assomption.Notre-Dame du Bon-Secours est la Vierge de l’ancienne porte de Clermont au sud. Cette piéta se trouve au faubourg de Clermont, à l’emplacement de la chapelle de la Recluse où était établie une confrérie en son honneur.

Le paysage du Pays d'art et d'histoire de Riom offre à l’ouest l’alignement des volcans de la chaîne des Puys précédé de coteaux plantés de vigne qui s’évanouissent dans les terres noires de la Grande Limagne.

Des volcans en toile de fondÀ l’ouest, la perspective est fermée par la ligne ondulante des volcans de la chaîne des Puys et par la silhouette emblématique du Puy de Dôme, Riom et son pays s’inscrivent dans un cadre naturel remarquable qu’il faut contempler le soir embrasé par les feux du soleil couchant.

La Grande LimagneC’est à l’est que s’étend la Limagne des terres noires, plaine aussi riante que fertile, […] ponctuée de fermes et de hameaux. Souvenir de l’ancien lac, le léman primitif, ce bassin d’effondrement a été comblé de sédiments qui font la renommée de son terroir, l’un des plus riches de France. Si le vert des cultures de maïs a remplacé celui des prés, la vision qu’elle offre aujourd’hui d’un point de vue élevé, depuis le sommet de la tour de l’Horloge de Riom, n’est cependant pas si éloignée de celle d’autrefois.  

Cultures de LimagneAutrefois dédiée à l’élevage bovin et à la polyculture, la Limagne est aujourd’hui soumise à une agriculture intensive sur des parcelles remembrées qui ont vu disparaître leurs noyers et leurs arbres fruitiers. Si la culture des céréales comme le blé s’est maintenue, elle s’est cependant diversifiée avec l’orge et le maïs. Quant à la betterave à sucre, dont la culture a été favorisée au 19e siècle par le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, elle reste présente grâce à  la sucrerie de Bourdon.

Les coteauxL’effondrement progressif du fossé de la Limagne et la surélévation du plateau des Dômes ont mis en évidence un glacis de roche dure : la faille de Limagne. Les sols marno-calcaires sont propices à la culture de la vigne. Les vallons d’Enval, creusés dans les granits, possèdent une chênaie thermophile où se cache une espèce protégée, le lys martagon ; elle revêt aussi, grâce à des lépidoptères variés, un intérêt entomologique. Le plateau de Mirabel abrite lui aussi une riche végétation, et en particulier de nombreuses variétés d’orchidées.

Vignoble des coteauxLa culture de la vigne colonise les versants ensoleillés. Les coteaux offrent au regard leurs bourgs vignerons resserrés sur les buttes ou blottis au creux des pentes. Si Marsat et Enval, à l’ouest, ne cultivent plus que le souvenir de leur passé vigneron, Ménétrol, au sud, et au nord, Saint-Bonnet-près-Riom, font vivre les traditions viticoles avec le chateaugay et le madargue, deux des cinq dénominations locales de l’appellation d’origine contrôlée Côtes d’Auvergne. Soutenant la renaissance de la viticulture, la ville de Riom exploite sur les coteaux de Madargue une vigne municipale qui produit une cuvée servie lors des réceptions.

Imaginé dès 1982, ce cheminement piéton participe à la sensibilisation à l’environnement et à la qualité du cadre de vie, par la promenade qu’il propose le long du ruisseau de l’Ambène.

Un projet de mise en valeur du patrimoineAu fil de l’eau, il relie Enval à Riom en passant par Mozac sur une longueur de 10,5 km prévue à terme. À Mozac, par exemple, la coulée verte  longe le domaine de l’abbaye et met en évidence un système hydraulique complexe composé de biefs et d’un répartiteur permettant le partage des eaux entre l’abbaye et les moulins fariniers appelés moulins blancs.

Jardins potagers et fruitiersGrâce à la présence de l’eau, un véritable jardin potager s’est développé tout au long de la rivière. A la périphérie de Riom et des bourgs alentour, les cultures maraîchères et fruitières et leur réseau d’irrigation lié à la gestion de l’eau quadrillent le paysage. À Riom, la Petite Provence reste le paradis des jardiniers, tandis que le quartier du Couriat, au pied de la colline de Mirabel, a perdu ses arbres fruitiers dans les années 1980 au profit d’une urbanisation de type pavillonnaire.

Un paysage caractéristiqueLa rivière forme un cordon boisé. La végétation, qu’elle soit arborescente ou buissonnante, donne son identité au cours d’eau en l’imposant dans le paysage. La ripisylve suit les méandres de la rivière. La plupart du temps, elle n’est pas uniforme ; ses variations, parfois même ses ruptures animent le paysage selon une structure spatiale complexe. Cette végétation s’organise selon un système de strates superposées allant des grands arbres aux plantes herbacées, en passant par les arbustes ou arbrisseaux qui se côtoient et s’imbriquent jusqu’à se confondre.

L’Ambène, une eau vagabondeDense et complexe, le réseau hydrographique a deux origines : des rivières comme la Morge, l’Ambène et le Sardon, dont les sources se situent sur le plateau granitique, au pied de la chaîne des Puys, et des résurgences qui apparaissent au pied de la faille qui longe la plaine. Ce sont de petits torrents qui dévalent des gorges avant d’atteindre la dépression de la Limagne, où leur débit ralentit. Chargés en alluvions, ils changent souvent de tracé et se scindent en plusieurs bras qui prennent des noms différents selon les lieux qu’ils traversent.

Les tanneries du quartier Saint-JeanC’est sur le cours de l’Ambène, dans le quartier Saint-Jean à Riom que s’est développée la tannerie. Ses origines remontent sans doute au 13e siècle époque, où le climat économique est favorable à son implantation. Siège de la Monnaie et lieu de marché, Riom est proche des zones d’élevage et des forêts de chênes, dont le tan est indispensable à la tannerie. L’eau provient d’un bras de l’Ambène dérivé à l’intérieur des fortifications. La qualité des cuirs de Riom est reconnue et appréciée notamment aux foires de Lyon ; elle venait dit-on de la bonté des eaux vives de l’Ambène. Prospère dès le 14e siècle, la tannerie périclite au 18e siècle en raison de taxes sur les cuirs. La dernière tannerie ferme en 1961, mais tout au long du ruisseau, le souvenir de cet artisanat reste présent dans les quartiers sud de la ville.

Les ponts suspendusLes ponts métalliques suspendus ont été mis au point en Angleterre dans les années 1820 et se sont répandus en France les années suivantes. Cette nouvelle technique, rapide et assez peu coûteuse, était très adaptée aux gorges encaissées, car elle dispensait de bâtir des piles risquant d’être emportées par les crues. Un ingénieur d’Annonay, Marc Seguin améliore ensuite la technique en remplaçant les arcs à chaines de maillons par des fils de fer parallèles, plus résistants.

Ferdinand Arnodin (1845-1924)Dans les années 1850, plusieurs accidents vont entacher l’essor des ponts suspendus en France. Mais la construction repart dans les années 1870 grâce aux améliorations apportées par les Etats-Unis qui adjoignent des haubans obliques près des supports de câbles, afin de diminuer les oscillations horizontales. Ferdinand Arnodin, ingénieur constructeur installé à Chateauneuf-sur-Loire et chargé de la reconstruction des ponts sur la Loire détruits lors de la guerre de 1870, adopte ce procédé et invente également le câble de suspension toronné, inspiré des cordages de chanvre travaillés en torsion.

Les ponts suspendus de Saint-Ilpize et ChilhacDepuis 1830, les habitants de Saint-Ilpize demandaient le remplacement du bac, jugé dangereux en raison des nombreuses crues de l’Allier. En 1863, à la demande du conseil municipal, le Préfet de Haute-Loire fait réaliser une étude par l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Jollois. Le projet Jollois de 1874 est repris en 1878 par Ferdinand Arnodin qui conserve le système de haubans et utilise des câbles toronnés. Le pont de Saint-Ilpize est ouvert à la circulation en 1879. Pendant sa construction, Ferdinand Arnodin est consulté pour la construction du pont de Chilhac. Celui-ci, dont le projet date de 1879, est mis en circulation le 21 mars 1883. Ces deux ponts suspendus sont inscrits au titre des Monuments Historiques depuis 2015. Arnodin construisit ensuite de nombreux ponts dans le monde entier, se plaçant en concurrent direct d’Eiffel.

Tout un paysage… les cultures en terrasses sont les traces du passé de la culture viticole et fruitière. Elles sont l’une des composantes essentielles des paysages du Haut-Allier. Elles sont le fruit d’une volonté d’aménagement de l’espace à des fins agricoles. En effet, les périodes de pression démographique ont poussé les hommes à aménager les versants afin d’obtenir un maximum de terres cultivables.Elles répondent aussi aux difficultés écologiques d’un environnement particulier, caractérisé par des reliefs accidentés et des précipitations souvent violentes. Ces escaliers de géants font partie d’un patrimoine légué par des hommes courageux ou obligés de l’être. L’apogée de leur construction remonte à la fin du 19e siècle voire au début du 20e siècle.

La constructionPour aménager les parcelles de vignes sur des pentes soumises à l’érosion et au ruissellement des eaux de pluie, des murs de soutènement sont installés en paliers successifs : retenant les terres et favorisant l’infiltration uniforme des eaux, ils permettent la culture sur des surfaces planes et plus facilement accessibles. Pour cela, il faut creuser le sol, afin d’approfondir la couche meuble, ôter puis entasser des centaines de tonnes de pierres, apporter de terre et l’entretenir.

La pierre sèchePour construire les murs de soutènement, aucun apport en chaux, en sable ou en eau n’est nécessaire. La technique de la pierre sèche n'utilise pas de liant. Pour faciliter une bonne cohésion et une bonne stabilité du mur, les pierres doivent être assemblées de façon à ce qu’il n’y ait qu’un minimum de vide. Comme le matériau provient de l'épierrage, ces murs reflètent parfaitement la diversité du sous-sol géologique.Les terrasses de pierre sèche témoignent d’un savoir-faire unique qui est aujourd'hui, classé métier d'art rare et promu par un collectif de muraillers, artisans de la pierre sèche, soucieux de le préserver.

Le développement du chemin de fer en France trouve son origine dans la loi du 11 juin 1842. En 1853, le duc de Morny, député du Puy-de-Dôme et demi-frère de Napoléon III préside à la création de la compagnie Grand Central de France. Celle-ci a pour ambition de joindre Paris au Midi de la France. Peu florissante, elle disparaît en 1857, mais elle est parvenue à cette date à joindre Brioude. La compagnie Paris-Lyon-Marseille (P.L.M.) prend alors le relais, après qu’un décret impérial déclare d’utilité publique la ligne Brioude–Alès, le 9 avril 1862.

Le choix du tracéLa ligne la plus courte pour relier Paris à la Méditerranée traverse le Massif Central via Brioude-Langeac. Malgré quelques réticences, la compagnie P.L.M. présente un projet dans lequel la ligne après Langeac suit la vallée de l'Allier jusqu'à la Bastide. A 1 000 mètres d'altitude, elle redescend vers la Méditerranée par les Cévennes, qui donneront leur nom à la ligne et au train Le Cévenol.

Les conditions de travailLa voie doit être créée au fond des gorges de l’Allier, jusqu'alors inaccessibles à tout attelage. Du point de vue technique, la force de l'homme prime. L'outillage se limite à des pelles et des pioches, avec comme explosifs la poudre noire, jusqu’à l’invention de la dynamite en 1866. Pour mener à bien cette tâche immense, il fallait beaucoup d’ouvriers. La population sur les chantiers a été estimée entre 6 000 et 7 000 personnes, dont des piémontais et des espagnols. Le village du Nouveau Monde, à la limite de la Lozère, garde le souvenir de l’installation de ces ouvriers venus pour ce chantier qui ouvrait une porte vers des contrées juque là peu accessibles

Le patrimoine ferroviaireLa densité des ponts et viaducs sur les 100 km du parcours est surprenante. De Langeac à Villefort, on compte 71 tunnels et 5 galeries couvertes, représentant plus de 17 km de parcours en sous-sol. Mais le plus spectaculaire réside dans les 24 viaducs d'au moins 50 mètres de longueur qui ponctuent le franchissement d’une topographie tourmentée. Le plus impressionnant est sans conteste le viaduc de Chapeauroux : afin d'enjamber la vallée dans un méandre (courbe sinueuse) de l’Allier, à sa confluence avec l'Auroux, 28 arches de 12 mètres d'ouverture, 433 mètres de longueur et 17 mètres de hauteur sont nécessaires

Le Palais de l'Ile

Au Moyen Age, les maison fortes sont des résidences seigneuriales ou habitats fortifiés qui se distinguent des châteaux. Les châteaux se définissent comme « le lieu de résidence d'un détenteur d'un haut pouvoir de justice, de police ou de commandement. Les seigneurs qui possèdent des maisons fortes sont eux détenteurs d'un pouvoir de moyenne ou basse justice. A l'origine de son histoire, le Palais de l'Ile est une maison forte.

La maison forte

Dans les différentes parties qui composent aujourd'hui le Palais de l'Ile, la maison forte est encore repérable. C'est une grosse maison carrée visible depuis le quai du Thiou, la rivière qui entoure l'édifice. Elle est caractérisée par son appareil irrégulier de blocs de pierres calcaires, de galets de rivières et de molasse - un grès tendre mêlé d’argile. Des ouvertures anciennes permettent de penser que l'aspect du bâtiment était différent à l'origine. La maison forte est citée pour la première fois en 1325 quand le châtelain d'Annecy paye Jean de Monthoux, seigneur de l'Isle pour la nourriture de deux prisonniers. On date de cette époque sa fonction de prison.

L'aile de la monnaie

Il n'y a pas au Moyen Age d'administration pénitentiaire et de budgets destinés à la construction de locaux. Les prisons trop petites et mal tenues s'avèrent souvent insuffisantes et le seigneur dont dépend une prison peut très facilement en modifier la fonction pour l'attribuer à un autre usage. C'est ce qui se passe à Annecy en 1355 lorsque Amédée III, comte de Genève, obtient de l'empereur Charles IV du Saint-Empire "le droit de monnayer l'or et l'argent sur ses terres". Le bâtiment cesse alors d'être utilisé comme prison. Une campagne de constructions y aménage un atelier monétaire. Il cesse de fonctionner dès la fin du 14e siècle. L'aile monétaire est un bâtiment reconnaissable à son appareil de pierres taillées et régulières. Elle illustre la maîtrise de l'art de la pierre au 14e siècle.

L'évolution architecturale et fonctionnelle

Au début du 15e siècle, Annecy et le Genevois sont rattachés au duché de Savoie. Le duc Amédée VIII donne la maison en fief à la famille de Monthoux. La chapelle est construite. Au 16e siècle, le bâtiment principal est complètement réaménagé pour l’installation des salles du tribunal de la justice du territoire des ducs de Genevois-Nemours. A partir du 18e siècle, l'édifice est affecté à des fonctions administratives, tout en conservant sa fonction principale de prison jusqu'en 1864.

A travers son histoire, le Palais de l'Ile illustre l'évolution d'un édifice en lien avec ses fonctions. Le Palais de l'Ile devient asile de vieillards de 1865 à 1880. La démolition du bâtiment est alors envisagée par le conseil municipal d'Annecy pour l'installation de bains douches publiques. L'édifice sert également d'école de dessin pour des tailleurs de pierres et charpentiers, de salles de gymastique et d'hébergement. L'édifice est finalement sauvé de la démolition et classé monument historique le 16 février 1900.

A partir du début du 20e siècle, les villes s'agrandissent. La première étape de développement est majoritairement le fait des lotisseurs privés. Après la seconde Guerre mondiale, une nouvelle étape commence. Le principe de planification urbaine est défini et encadré par la création en 1958 de la procédure des Zones à urbaniser en priorité (ZUP). A Annecy, le quartier de Novel est créé dans ce contexte.

La ZUP de Novel, les trois étapes de construction

Dès 1952, l'implantation de l'usine du groupe Gillette entraîne la décision de construire un premier ensemble d'immeubles collectifs créant le quartier du Parmelan. Mais rapidement, l'implantation de nouvelles industries et l'augmentation des populations urbaines, nécessitent la construction de nouveaux logements.

La ZUP de Novel est conduite en trois étapes successives entre 1961 et la fin des années 1970. La première phase de réalisation est celle dite de Novel sud entre 1961 et 1969. Elle est complétée entre 1962 et 1972 par Novel Nord. Novel Centre réunit finalement les deux parties entre 1971 et 1980.

Deux décennies d'évolution

En moins d'une décennie qui est le temps nécessaire à la conception des parties successives du quartier, les principes d'urbanisme et d'architecture évoluent. Dans la partie Sud, la répartition en grande masse des immeubles illustre deux principes de l'urbanisme moderne qui sont la dissociation entre le bâti et la voirie et la construction en hauteur. Il n'y a plus de façades avant et de façade arrière dans les bâtiments et la hauteur répond à la nécessité d’aérer l’espace et de sauvegarder les conditions d’ensoleillement. Dans la partie de Novel Centre, le principe d'urbanisme a été renouvelé. Les immeubles s'ouvrent de nouveau directement sur une rue piétonne. Les immeubles ont de nouveau une façade publique sur la rue et une façade privée sur des espaces verts.

Un quartier d'architectures

Le quartier de Novel est remarquable par plusieurs de ses architectures. Dès 1972, il était recensé dans un des premiers guides d'architecture contemporaine en France. Dans Novel sud, un immeuble conçu par l'architecte Maurice Novarina, le long de l'avenue de France, est une citation de la monumentalité du Corbusier. Tandis que dans Novel Centre, les tours dessinées par l'architecte Jacques Lévy se singularisent par la variation des volumes et l'animation des façades aux balcons saillants. Le quartier de Novel bénéficie aujourd'hui du label patrimoine 20e siècle.