Les peintures murales de la chapelle Saint-Sébastien, Lanslevillard

Cette chapelle, d’apparence modeste, existait en 1446. Elle aurait été élevée par Sébastien Turbil, dont la maison avait été épargnée lors d’une crue de l’Arc. A l’intérieur, elle est entièrement décorée de peintures murales de la fin du 15e siècle. Comme une bande dessinée, ces peintures racontent la vie du Christ, ainsi que celle de Saint-Sébastien. Malgré le nombre très important de chapelles dédiées à ce saint dans les Alpes, la présence d’un cycle aussi détaillé est unique. Le décor est remarquable par son excellent état de conservation et par la fraîcheur de ses couleurs.

Une chapelle dédiée à Saint-Sébastien, invoqué contre la pesteConstruite sur un promontoire à l’entrée du village au-dessus de l’église paroissiale, la chapelle a peut-être hébergé une compagnie de francs-archers, en poste à Lanslevillard en 1475, dont Saint-Sébastien est le saint patron. Il était le plus souvent invoqué contre la peste, en raison de la comparaison entre la rapidité avec laquelle cette maladie frappait et la vitesse des flèches décochées par ses bourreaux : au Moyen Age, la peste était en effet perçue comme une punition, manifestation fulgurante de la colère de Dieu. Au 16e siècle, des mystères ont été joués à proximité de la chapelle.L’édifice est rectangulaire, orienté, avec une abside rectangulaire, plus étroite mais de même hauteur que la nef. Cette dernière est couverte d’un plafond à caissons, très proche de celui de Bessans. Toutes les ouvertures se trouvent sur le mur Sud, moins exposé aux intempéries.

Les peintures muralesDeux cycles de peintures murales couvrent les murs de la nef et l’arc triomphal. La technique utilisée est la détrempe, peinture dont les pigments sont liés par du jaune d’œuf ou des colles à base d’eau. Certains détails en relief sont estampés dans le mortier frais (nimbes avec perles et cercles en relief, bordure de certains vêtements, garde des épées…). Un cycle complet de la vie de Saint-Sébastien couvre la partie gauche du mur Sud. Il comprend 17 panneaux, disposés sur trois registres superposés. Chaque panneau des deux registres supérieurs est accompagné d’une légende écrite en caractères gothiques en latin, complétée à l’intérieur des scènes par des phylactères reprenant des éléments du dialogue entre les différents personnages.  Un cycle de la vie du Christ de 36 panneaux, plus grands que ceux du cycle précédent, couvre le reste du mur Sud ainsi que les murs Ouest, Nord et l’arc triomphal sur deux registres superposés, sans légende explicative. La lecture commence au registre supérieur sur le mur Sud avec l’Annonciation, pour se terminer sur l’arc triomphal par la comparution du Christ devant le grand prêtre ; elle se poursuit au registre inférieur jusqu’à la Pentecôte sur le mur Nord. 

L’originalité de la chapelle de Lanslevillard tient au fait d’associer un saint thérapeute (guérisseur) à la vie du Christ. L’ensemble du décor est remarquable par son excellent état de conservation et par la fraîcheur de ses couleurs.