Affiche pour la réparation du pont du Rhône à Vienne

Au Moyen-Âge, la navigation sur le Rhône rencontre de nombreux obstacles. Les crues sont liées à la présence de dizaines d’affluents soumis à des influences climatiques multiples. Les bacs offrent de nombreux points de traversée du fleuve. Par contre, la présence de ponts en pierre médiévaux édifiés sur le Rhône entre Lyon et Arles est attestée dans quatre villes seulement : Lyon, Vienne, Pont-Saint-Esprit et Avignon.

Un pont en dangerLa gravure représente le pont vu depuis le Nord. La Tour des Valois, située à Sainte-Colombe, est reconnaissable sur la droite. Quatre piles soutiennent les arches, dont la longueur ne dépasse pas 31 mètres. L’arche la plus proche de la Tour porte la marque de réparations faites par des charpentiers. Cette partie du pont est particulièrement exposée : les alluvions de la Gère, affluent du Rhône, s’accumulent du côté nord-est de l’ouvrage. Le courant est donc reporté à l’ouest.

La première mention connue du pont remonte à 1239 : il est question d’un « pont en chantier ». En 1251, l’archevêque Jean de Bernin fait construire une loge de tailleur de pierre à Sainte-Colombe. En 1407, une grande partie du pont est emportée. Des quêtes pour remettre l’ouvrage en état sont organisées dans un large périmètre, du Forez à Crémieux. En 1419, les consuls font bâtir une chapelle sur le pont. Elle abrite les lettres d’indulgence accordées pour ces contributions.

Le secours de la foiEn plus de la chapelle, une croix est visible sur la gravure. Les croix des mariniers ne sont pas seulement positionnées sur la grand-barque où se tient le patron menant un convoi de bateaux. Elles se trouvent aussi sur les ponts, les quais, dans les églises ou les maisons. Portant les instruments de la Passion du Christ, elles placent l’activité périlleuse des mariniers sous la protection de Dieu.La peur des noyades n’est pas suscitée uniquement par les crues. Le profil du fleuve entraîne des difficultés. Le courant s’accélère en aval des seuils en roche dure. Ceux-ci sont entrecoupés de zones d’alluvionnement où le Rhône se divise en bras changeant d’une inondation à l’autre.

La disparition du pontAprès les crues de 1651 la majeure partie du pont est emportée par les eaux. Nicolas Chorier relate les « prodiges » qui précédent la catastrophe : « On ouït sur la minuit des murmures, des voix et des gémissements étranges. On vit un taureau d’une grosseur merveilleuse. » Seules subsistent deux arches qui sont  détruites en 1663 et 1682. La traversée s’effectue uniquement par le bac à traille jusqu’à la mise en service d’un pont suspendu en 1829.