Les forts villageois, Pays d’Issoire

Les forts villageois ont été aménagés afin d’abriter les hommes et les récoltes face à l’insécurité de la fin du Moyen-Age. Quarante villages du Pays d’Issoire en conservent des traces, discrètes ou monumentales. Plus tard délaissés par les habitants, l’utilisation de leurs caves pour la viticulture assura leur entretien jusqu’au début du 20e siècle. Ils constituent aujourd’hui de fragiles réserves archéologiques, parfois revalorisées.

L’origine des fortsAu Moyen-Age, la défense des populations était assurée par les seigneurs, dont les châteaux et leur basse-cour servait de refuge en cas de danger. Aux 14e et 15e siècles, l’insécurité chronique incite les communautés villageoises à organiser elles-mêmes leur défense. Les villages ou quartiers fortifiés, regroupés dans le Puy-de-Dôme sous le terme de forts villageois, se concentrent sur les flancs du val d’Allier, des vallées affluentes et des plaines de Limagne. Ces zones agricoles fertiles, proches des principales voies de communication, sont particulièrement exposés. La mise en défense concerne alors tout ou partie du village, dans le cadre d’une forme d’émancipation villageoise face au pouvoir seigneurial.

Morphologie des fortsPetit quartier servant de refuge provisoire ou vaste enceinte englobant la totalité du village, les forts villageois se repèrent à leur forme géométrique régulière, circulaire ou quadrangulaire et à leurs vestiges défensifs : portes fortifiées, courtines, tours de flanquement, chemin de ronde, meurtrières... Ils se distinguent aussi par la densité du bâti : les habitations ou « loges » se serrent le long de ruelles étroites. Superposant cave, petit logis et grenier, les loges permettaient d’abriter en cas de danger famille, bétail et récoltes.

Variété des fortsMalgré leur diversité liée aux contraintes locales - topographie, bâti préexistant, urgence de la mise en défense - on distingue trois grands types de forts : dans le premier cas, observable au Broc, la basse-cour du château est allotie aux habitants qui peuvent construire de petits abris temporaires. Dans une deuxième solution, adoptée à Bansat, l’absence de château-fort conduit à élever une enceinte fortifiée qui prend appui sur un sanctuaire religieux, parfois lui-même surélevé et fortifié. La troisième formule consiste en la fortification partielle ou totale du village. C’est le cas du fort de Mareugheol, étonnant quadrilatère de basalte doté d’une enceinte flanquée de quatre tours.