Le col du Mont-Cenis

Ce passage historique entre la Maurienne (France) et le Val de Suse (Italie) présente un paysage de plateau très ouvert à 2084 mètres d’altitude. À partir du Moyen Age, le col du Mont-Cenis supplante le col du Petit-Saint-Bernard, pour le passage vers l’Italie. Parmi les nombreux voyageurs qui l’empruntent, certains ont laissé des récits de voyage, tantôt horrifiés, tantôt admiratifs, comme Montaigne ou Jean-Jacques Rousseau. Après le rattachement de la Savoie à la France en 1860, le col devient une frontière très disputée, en dépit de liens forts et de solides parentés culturelles entre les deux versants. 

La traversée des Alpes Au pied du col, deux villages assuraient le passage : Lanslebourg sur le versant mauriennais, Novalesa sur le versant piémontais. C’est là qu’il fallait démonter les voitures pour les charger sur des traîneaux ou sur le dos des mulets ; on pouvait réserver des guides qui conduisaient vers l’Italie en moins de six heures.  Lanslebourg, ville étape, était très animée avec ses hautes maisons alignées le long de la grande rue, rassemblant les auberges, les écuries, les ateliers de charrons et les fameux passeurs appelés « marrons ». Au début du 19e siècle, Napoléon Ier fit réaliser au Mont-Cenis l’une des premières routes carrossables des Alpes. De 1803 à 1813, les ingénieurs de l’Empire entreprirent des travaux colossaux entre Lanslebourg et Suse pour construire la route qu’on emprunte encore de nos jours. La route, de dix mètres de large, donne une impression de sécurité, renforcée par la présence de 25 maisons cantonnières, refuges répartis tout au long de l’itinéraire. Les versants du col conservent à certains endroits des témoignages d’un ancien chemin de fer, aménagé par l’ingénieur anglais Fell. Entre 1868 et 1871, celui-ci reliait les gares de Saint-Michel-de-Maurienne et de Suse en franchissant le Mont-Cenis. Cette voie à rail central, capable de franchir de très fortes pentes, effectuait le parcours en moins de six heures (contre 12 heures pour les diligences). La mise en service du tunnel ferroviaire du Fréjus en 1871 vint mettre un terme à son exploitation.

L’hospice du Mont-Cenis et la chapelleL’importance du col du Mont-Cenis justifia très tôt la création d’un hospice et même d’une chapelle, dite « de transit » où reposaient parfois les corps des voyageurs pris dans les tempêtes. Au début du 19e siècle, sur ordre de Napoléon Ier, 2000 à 3000 ouvriers furent employés à construire de vastes bâtiments associant hospices et casernes. 

Les fortifications des 19e et 20e sièclesÀ la fin du 19e siècle, le massif du Mont-Cenis se couvre de fortifications pour défendre la frontière. Les forts de Ronce ou de Varicelle, établis par les Italiens, font face aux ouvrages français de défense de la Turra et du Roc Noir. Une rectification de la frontière, en 1947, permet à la France de récupérer l’ensemble du plateau du Mont-Cenis et les fortifications italiennes.

Le col aujourd’hui Le col était occupé jadis en son centre par un lac naturel de 50 hectares. En 1912, l’édification d’un premier barrage fait tripler la surface du lac d’origine. Le gigantesque barrage actuel date de 1968 et porte l’étendue d’eau à 668 ha. Ses eaux sont turbinées à la fois en France et en Italie.En souvenir de ces hospices noyés par le barrage, une structure en forme de pyramide est édifiée en 1968 et abrite une chapelle et le musée des Amis du Mont-Cenis, qui retrace plus de 2000 ans d’histoire d’un col où la France et l’Italie se rencontrent.Aujourd’hui, le vaste plateau du Mont-Cenis, au-dessus du barrage, est occupé par des alpages, où paissent plus de 1200 vaches laitières en été. Quelques vieux chalets subsistent, tandis que, éparpillées sur le plateau, des fermes vendent encore leur production fromagère. Le troisième dimanche de juillet, Mauriennais et Piémontais se réunissent pour une grande fête au col.