Jusqu’en 2009, cette usine désaffectée était une friche industrielle. En 2003, le classement Monuments Historiques de certains bâtiments permet d’envisager un grand projet de réhabilitation par l’architecte Philippe Prost. En 2009, le Pôle Images de La Cartoucherie est inauguré ainsi que le jardin attenant. Neuf entreprises et associations spécialisées dans la création, la diffusion et la médiation du cinéma d’animation s’installent dans les locaux réhabilités.
Une manufacture d’indiennesEn 1852, l’industriel Noël Sanial achète un grand domaine composé de terres agricoles où il construit une vaste usine textile composée d’ateliers dédiés à l’impression de cotonnades et une filature de soie.Les deux ailes sud et ouest de la filature, encore visibles aujourd’hui, témoignent d’une architecture classique régulière et monumentale. L’usine emploie plusieurs centaines d’ouvriers et dote son usine d’un équipement moderne. Mais, la crise séricicole, maladie du vers à soie qui provoque la hausse des coûts de production et deux incendies successifs fragilisent gravement son entreprise.
Une cartoucherie nationaleEn 1870, l’État achète l’ancien domaine Sanial pour y installer une cartoucherie nationale. Cette nouvelle usine pourvoyeuse d’emplois, tant pour les hommes que pour les femmes connaît une activité accrue lors des deux guerres mondiales. Entourée d’une enceinte fermée sur l’extérieur, la cartoucherie ressemble à une petite ville avec ses rues, ses bâtiments numérotés, ses trois grandes cheminées repérables de loin. Cette cité ne cesse de s’agrandir au fil du temps ; bâtiments de stockage, gare, poudrières, ateliers, stands de tir occupent petit à petit la totalité du domaine jusqu’à la voie de chemin de fer.Mais, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’usine vieillissante ralentit son activité pour être revendue à des sociétés privées, certains bâtiments étant peu à peu désaffectés, jusqu’à l’abandon complet du site dans les années 1980.
Le jardin dans le projet de réhabilitationL'agence de l'architecte Philippe Prost, spécialisé dans la réhabilitation du patrimoine militaire s'associe à l'architecte paysagiste David Besson-Girard pour la création d'un jardin.La cour de l'ancienne cartoucherie est transformée en jardin clos pensé comme un espace de distribution séparant les espaces dédiés aux promeneurs (espace public) et celui réservé au personnel des entreprises actuellement installées dans le bâtiment (espace privé) mais sans créer de discontinuité visuelle. Les deux espaces sont séparés par un canal planté d'herbes aquatiques, barrière invisible mais infranchissable. L'ensemble du jardin évoque par la régularité de ses carrés aux planches d'acier, alternant herbacées monochromes et tapis engazonnés, l’image d’une vaste étoffe, à la fois végétale, minérale et métallique: un clin d'oeil à la manufacture d'indiennes installée initialement dans le bâtiment.