Les verreries de Margeride, Venise dans le Cantal

L’activité verrière est attestée en Margeride depuis le 15e siècle, mais sa renommée est due à l’implantation en 1769 d’une manufacture royale de verre qui n’a fonctionné que peu de temps. Le site est aujourd’hui reconverti en exploitation agricole, mais on peut voir des exemplaires de cette production dans les musées de Saint-Flour.

Une manufacture royale aux confins de l’Auvergne et du GévaudanL’implantation de la manufacture à 1 100 mètres d’altitude sur l'actuelle commune de Védrines-Saint-Loup s’explique par la présence des matériaux nécessaires à la fabrication des verres (silice, potasse, bois), ainsi que par celle de ruisseaux et de moulins permettant l’utilisation de la force hydraulique.

Une brève aventure industrielleCréée en 1769, la manufacture a été dirigée jusqu’en 1773 par Paul Bosc d’Antic, touche-à-tout scientifique et ancien directeur de la Manufacture des glaces de Saint-Gobain. Jusqu’à 150 ouvriers s’activaient autour de huit fourneaux pour produire des centaines de verreries translucides. Il s’agissait d’objets du culte (bénitiers, calices ou de vaisselle : verres de table (gobelets tulipe, verres à jambe et verres à liqueur), accessoires de service (compotier, huilier, drageoir, gourdes, carafes…). Ces verreries se réclamaient de l’héritage « à la façon de Venise » du 16e siècle et se signalaient par leur finesse et la virtuosité de leurs décors.Mais la tourmente révolutionnaire, l’isolement du lieu et ses conditions climatiques ont eu raison de cette production et l’établissement ferma ses portes en 1792.

Un patrimoine condamnéLes musées de Saint-Flour possèdent et présentent une collection assez importante de ces verreries. Cependant ces objets, conservés dans des collections privées et publiques, sont fragiles et menacés de disparition. Ils sont en effet atteints d’une maladie du verre appelée « crizzling » : on observe à leur surface des micro-fractures et une altération de la transparence qui teinte les verres en rose-violet et aboutit à terme à leur décomposition. Cette dévitrification du verre est due à une transformation chimique malheureusement irrémédiable.