Demeures privées, on ne peut les visiter, mais elles se laissent deviner derrière de hauts-murs, apprivoisant l’eau au milieu des frondaisons ; ce sont les folies ou demeures de plaisance construites par des notables, magistrats ou marchands, sur les coteaux ensoleillés au sud et à l’ouest de Riom ou parfois à sa périphérie immédiate, comme le château de Bardon ou le pavillon Dumesnil. En s’implantant à la campagne, elles lui apportent une touche d’urbanité : ainsi l’Enclos de Marsat, ou les châteaux de Saint-Genest-L’Enfant à Malauzat, de Mirabel à Riom, de Portabéraud à Mozac, qui, seul, ouvre ses portes au visiteur.
Le château de PortabéraudLa Folie Mercier ou château de Portabéraud a été aménagé dans la seconde moitié du 18e siècle pour un notable de Riom, Gabriel Mercier. Elle mérite pleinement le terme de Folie (du latin folia la feuille) et s’inscrit dans la tradition française de la maison des champs, maison de campagne destinée à abriter les divertissements du seigneur. Elle prend place dans un parc enjolivé de fabriques et de statues en terre cuite.
La maison de maîtreÉdifié entre 1750 et 1760 sur une construction du 17e siècle, le bâtiment, simple en profondeur, présente en façade une composition régulière de sept travées sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, sept portes fenêtres, composition rare dans l’architecture de l’époque en Auvergne, donnent sur une salle à manger, un salon d’hiver à l’est et un salon d’été à l’ouest. La mise en scène est étudiée : la demeure, précédée d’une terrasse, est mise en valeur par un escalier majestueux. Les cuisines occupent le soubassement qui se prolonge par l’aile de la chapelle à l’est.
La statuaire en terre cuiteSe démarquant de la statuaire assez rudimentaire en pierre de Volvic pratiquée à l’époque dans la région, ces figures constituent un rare exemple conservé de l’art des statues de plein air en terre cuite, apprécié dès le 17e siècle et qui connaît un engouement dès les années 1730.Cette statuaire présente deux registres. Un mode majeur privilégie de grandes statues d’une iconographie sérieuse et conventionnelle. L’une d’elles, érigée en 1781 par son beau-frère en témoignage de reconnaissance, représente Gabriel Mercier.Un mode mineur, dont l’iconographie plus anecdotique avec La Marquise, La Jardinière ou La Négrillonne, fait référence au théâtre et à l’opéra-comique, mais aussi à la Pastorale dans l’esprit des Fêtes galantes très en vogue à l’époque.
Un jardin rareLe jardin est le reflet de la personnalité de Gabriel Mercier, à la fois gestionnaire d’un domaine agricole et passionné par le jardin d’agrément. Homme des Lumières, dont la bibliothèque témoigne de l’érudition, il crée dans sa propriété de Portabéraud un jardin, écrin végétal pour une véritable mise en scène de ses statues en terre cuite.