Depuis plus d'une décennie, les historiens de l'architecture moderne contribuent à la réhabilitation des architecures du 20e siècle. Dans les quartiers construits entre le milieu des années 1950 et le début des années 1980, des expérimentations sont ménées dans le domaine de l'habitat et de l'urbanisme. Sur le bassin annécien, depuis la fin des années 1960, la commune de Cran-Gevrier a conduit successivement plusieurs projets urbains. A la fin des années 1970, le quartier Renoir s'achève. On y trouve un bel exemple de recherche dans le domaine de l'habitat. Les quartiers modernes réservent des surprises architecturales de qualité comme le démontre l'ensemble du Moulin de la Galette de l'architecte Richard Plottier situé dans le quartier Renoir de Cran-Gevrier.
En 1983, la revue "L'architecture d'aujourd'hui" publie un article qui constate qu'à la suite des années 1950 et 1960, quelques architectes avaient oublié qu'ils étaient les auteurs de barres d'immeubles parfois critiquables. Elle souligne cependant que de jeunes architectes actifs à la fin des années 1970 ont de nouvelles exigences. L'ensemble dit du Moulin de la Galette, dessiné par Richard Plottier et construit à Cran-Gevrier en 1982, fait partie des opérations illustrant cet article.
L'habitant au coeur du projet
Située dans l'actuel quartier Renoir, l'opération du Moulin de la Galette composée de 103 logements HLM en accession ou locatifs, est traitée dans un esprit influencé par le hameau villageois. Libéré de toute standardisation, cet ensemble est pensé à partir des espaces intérieurs, avec une organisation libre et propre à chaque logement. L'habitant peut s'approprier l'espace et l'aménager selon ses désirs. Chaque logement, avec un accès individuel extérieur, possède 25m2 d'espaces extérieurs. Les appartements bénéficient d'au moins trois orientations et s'organisent en duplex, demi-niveau, plain pied ou triplex. Chaque appartement dispose d'un garage souterrain. Afin de livrer l'îlot aux cheminements piétonniers, aux jardins privatifs et espaces collectifs, les parkings visiteurs sont situés en périphérie.
Toute l'architecture de cette opération permet une relation organique entre la nature et le bâti que l'on ressent en cheminant à l'intérieur.