Le barrage du Mont-Cenis est situé en Maurienne à 1974 m d’altitude, à quelques kilomètres en amont de la frontière entre la France et l’Italie. C’est la sixième plus grande retenue d'eau artificielle française. Il est l’unique barrage français dont les eaux sont turbinées à la fois en France et en Italie.
Des besoins énormes d’énergie au 20e siècleL’histoire de l’hydroélectricité en Savoie commence à la fin du 19e siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, les besoins en électricité augmentent considérablement : de 1950 à 1980, EDF engage dans toute la France un programme d’équipement hydroélectrique de très grande ampleur. En Savoie, le rythme de construction est très soutenu.
La construction du barrage du Mont-Cenis, 1962-1968En 1947, le traité de paix avec l’Italie ouvre une possibilité intéressante d’un grand réservoir d’eau, grâce au rattachement du plateau du Mont-Cenis à la France. Ce site se prête bien à la construction d’une énorme digue, retenant un grand réservoir. Bien que le plateau du Mont Cenis se trouve entièrement sur le territoire français, ses eaux s’écoulent naturellement vers l’Italie. Le barrage est implanté à l’Est du plateau. C’est un barrage dit “barrage-poids”, c’est-à-dire qu’il oppose sa masse à la pression de l’eau. Le chantier s’ouvre en 1962. La crête du barrage a une longueur de 1400 mètres sur 12 mètres de large (à comparer aux 3 mètres de Tignes ou Roselend…). La largeur à la base est de 460 mètres. Compte tenu de la composition de la digue, le barrage comporte un évacuateur de crues.
La mise en eau en 1969-1970 fait disparaître des dizaines de fermes et granges d’alpage, d’anciennes auberges, l'hospice et son prieuré. Pour compenser cette perte, EDF fait édifier un monument de forme pyramidale conçu par l’architecte Philippe Quinquet, inauguré en 1968 et appelé depuis la « Pyramide ». Il comprend une chapelle, un appartement et un musée géré par l’association les Amis du Mont-Cenis, évoquant l’histoire millénaire du site.
Le fonctionnement du barrageLe remplissage du lac de retenue se fait par le captage des affluents de la rive gauche de l’Arc depuis Bonneval jusqu’à Avrieux, et est assuré par 28 km de galeries. Le lac-réservoir contient 321 millions de m3 d’eau. Sa superficie est de 660 ha.Côté Maurienne, une conduite forcée assure une chute de 880 mètres jusqu’à la centrale de Villarodin, mise en service en 1968. Cette centrale est la clef de voûte du complexe hydraulique Mont-Cenis-Aussois.Côté italien où le versant est plus rapide, la hauteur de chute atteint 1355 mètres. La conduite forcée alimente deux turbines Pelton de 122 100 kW à la centrale de Venaus. Cette hauteur de chute compense en partie le moindre volume d’eau.