L’église Saint-Thomas Becket, Avrieux

Étape sur la route du Mont-Cenis, l’église Saint-Thomas Becket, érigée en 1678, est l’une des plus riches églises baroques de Maurienne. Le retable du maître-autel, à l’ornementation exubérante, est l’élément central du décor.

L’art baroque en SavoieAux 17e et 18e siècles, l’art baroque s’est largement répandu dans les hautes vallées de Savoie pour parer les édifices religieux d’un somptueux décor peint et sculpté. A la suite  du Concile de Trente destiné à lutter contre les idées protestantes, l’Église catholique lance un grand mouvement de réforme, qui va trouver un écho particulièrement fort en Savoie (État indépendant de la France). L’art baroque s'exprime à travers des intérieurs très chargés, avec des décors caractérisés par les dorures et la polychromie. Plus qu'un art architectural, le baroque est un art du mobilier. Retables, confessionnaux, chaires à prêcher… sont parmi les plus beaux éléments de l'art baroque. Jusqu’au 19e siècle, la Maurienne se distingue par le nombre et la qualité de ses maîtres, qui se transmettent leur savoir d’une génération à l’autre.

L’église Construite sur un plan basilical, l’église présente trois nefs débouchant sur un chœur couvert d’une coupole. La cohérence de l’ensemble iconographique du décor est du à l’abbé Damé, docteur en théologie et curé de la paroisse de 1680 à 1722. La façade peinte illustre l’opposition des vices et des vertus (thème classique dans les Alpes) et les châtiments. À l’intérieur, les peintures des voûtes et de la coupole représentent l’adoration des bergers, entourée des apôtres et des évangélistes.Un diptyque sculpté relate la vie de Saint Thomas Becket, il est signé par le sculpteur Jean-Pierre Bessand en 1626. Des personnages vêtus de costumes de l’époque Louis XIII évoquent en six épisodes la vie et la mort de l’évêque de Canterbery qui ose s’opposa à Henry II d’Angleterre et le paya de sa vie. Une famille, disciple de Thomas Becket, se serait fixée à Avrieux en 1214, introduisant en Maurienne le culte de l’Anglais. Un groupe sculpté (Sainte-Anne, la Vierge et l’Enfant) est adossé à un pilier de la travée Sud. Cette œuvre du Bessanais Jean Clappier provient d’une chapelle d’alpage.

La pièce maîtresse du décor : le retable du maître-autel Sculpté et peint en 1670 par des artistes locaux, Pierre et Augustin Bertrand et Laurent Portaz, il est doré à la feuille en 1680 par un Flamand, Pierre Milandre. Le grand tableau central évoque la canonisation de Saint Thomas Becket : le saint est représenté en train de monter au ciel, reçu par la Vierge Marie et de nombreux anges. Saint-Thomas et Saint-Blaise encadrent le tableau central. Dans les niches latérales, sont représentés Saint-Antoine et Saint-Étienne, ainsi que des anges cariatides, thème baroque assez rare en Savoie. 

L’emploi des colonnes torses (torsadées), la profusion des dorures, l’abondance des ornements végétaux et des stucs, révèlent une forte influence piémontaise sur les artistes locaux.