Au cœur du Beaufortain, à 1100 mètres d’altitude, l’église Saint-Jacques d’Assyrie est un des des hauts lieux de l’art baroque savoyard. Construite entre 1666 et 1672, elle présente une riche décoration. Le clocher, typique de l’art baroque alpin, à bulbe est l’un des plus majestueux et des plus élaborés de la région.
L’art baroque en SavoieAux 17e et 18e siècles, l’art baroque s’est largement répandu dans les hautes vallées de Savoie pour parer les édifices religieux d’un somptueux décor peint et sculpté. À la suite du Concile de Trente destiné à lutter contre les idées protestantes, l’Église catholique lance un grand mouvement de réforme, qui va trouver un écho particulièrement fort en Savoie (État indépendant de la France). L’art baroque s'exprime à travers des intérieurs très chargés, avec des décors caractérisés par les dorures et la polychromie. Plus qu'un art architectural, le baroque est un art du mobilier. Retables, confessionnaux, chaires à prêcher… sont parmi les plus beaux éléments de l'art baroque.
Le clocher à flècheL’église est flanquée au Nord du chœur d’un monumental clocher à bulbe de 55 mètres de hauteur qui rappelle ceux du Val d’Arly voisin (Saint-Gervais, Combloux…). Rasé à la Révolution (1794), il a été reconstruit au 19e siècle. Au-dessus d’un toit à l’impériale, se superposent deux petits corps octogonaux aveugles, un bulbe, une flèche effilée puis une boule qui supporte une croix et un coq. La tour du clocher comme la façade est ornée d’un décor du 19e siècle en trompe-l’œil, avec des chaînages d’angle et de fausses pierres appareillées. Elle porte un faux cadran solaire qui signifie le temps qui passe et rapproche de la mort : une horloge sans aiguilles, la mort avec une faux, le léopard symbolisant l’éternité, le serpent le péché, et la stèle funéraire les fins dernières.
L’église Saint-Jacques d’AssyrieElle est dédiée à Saint Jacques d’Assyrie, premier évangélisateur et premier archevêque de la Tarentaise. L’entrée se fait sous une tribune en forme de fer à cheval, très caractéristique du Beaufortain. Sous l’arc triomphal, se trouve une poutre de gloire. La chaire à prêcher, en noyer teinté, date du début du 18e siècle. Quatre personnages sculptés en haut relief occupent les panneaux de la cuve hexagonale. Ils sont groupés deux par deux : Saint Pierre (clés) et Saint Paul (épée) ; Saint Jacques Apôtre et Saint Jacques d’Assyrie. Le mouvement dans les attitudes évoque le style particulier et expressif du sculpteur savoyard Jacques Clérant.
La pièce maîtresse du décor : le retable baroqueIl s’inscrit dans une abside à sept pans en insérant des verrières dans les volets latéraux, ce qui lui donne une allure bien particulière, très aérée. Il a été réalisé en 1749 par Joseph Albertini, de la Valsesia (vallée entre Turin et Milan) et Joseph Gentil, originaire de Macôt en Tarentaise. Le tabernacle en bois doré (deuxième moitié du 18e siècle) occupe tout le centre du retable et capte le regard. Comme tous ceux du Beaufortain, ce tabernacle frappe par sa richesse, son exubérance et sa monumentalité. Sur la grande toile centrale, Saint Jacques Apôtre en habit de pèlerin et Saint Jacques d’Assyrie en archevêque, se font face. Ils sont encadrés par Saint Maurice (patron de la Maison de Savoie) et Saint Sébastien, invoqué contre la peste. Les deux volets latéraux sont délimités par quatre colonnes torses (torsadées). Au-dessus, à l’étage céleste, la Vierge en assomption, entourée d’angelots, fait le lien entre le ciel et la terre. Le retable est un structure en bois, en pin cembro (ou arolle), peint et doré à la feuille d’or.