En Tarentaise, le village de Villargerel est installé à 1000 m d’altitude sur le versant du soleil. Son église, dédiée à Saint-Martin, a été construite entre 1682 et 1685, sur un plan centré cruciforme, unique dans la vallée pour une église paroissiale. Son allure extérieure simple contraste avec l’exubérance et la richesse de ses décors intérieurs.
L’art baroque en SavoieAux 17e et 18e siècles, l’art baroque s’est largement répandu dans les hautes vallées de Savoie pour parer les édifices religieux d’un somptueux décor peint et sculpté. À la suite du Concile de Trente destiné à lutter contre les idées protestantes, l’Église catholique lance un grand mouvement de réforme, qui va trouver un écho particulièrement fort en Savoie (État indépendant de la France). L’art baroque s'exprime à travers des intérieurs très chargés, avec des décors caractérisés par les dorures et la polychromie. Plus qu'un art architectural, le baroque est un art du mobilier. Retables, confessionnaux, chaires à prêcher… sont parmi les plus beaux éléments de l'art baroque.
L'église Saint-Martin L’église baroque, classée Monument historique depuis le 9 juin 1943, a été bâtie sur l’ordre de l’archevêque François Amédée Millet par le maître-maçon Jean Meilleur, sur les plans de l’architecte Nicolas Deschamps. Il a adopté le même plan centré cruciforme que celle de Notre-Dame-de-la-Vie à Saint-Martin-de-Belleville. On accède à l'église par un porche en pierre dont il reste encore l'imposte ajourée sur linteau de bois. La coupole sur pendentifs, divisée en huit voûtains ornés de médaillons qui devaient représenter les Apôtres (19e siècle), est couronnée d'un lanterneau ajouré qui baigne de lumière tout l'édifice. Une partie de ces peintures, trop abîmée avant la restauration de 1992, n’a pu être repeinte.
La pièce-maîtresse, le retable-majeurEn 1707, le sculpteur Jacques Clérant, bourgeois de Moûtiers, connu pour les chaires des églises de Conflans et Beaufort ainsi que de nombreux retables tarins, sculpte le retable majeur. Six colonnes torses séparent trois parties, dont un tableau de la Crucifixion dans la partie centrale. De chaque côté des groupes de saints : à gauche, Sainte Marie, Saint Jean et Sainte Catherine d'Alexandrie et à droite, Saint François-de-Sales, Saint Sébastien et Saint Antoine. Le tabernacle du 19e siècle est traité comme un retable en réduction avec sur sa porte, le pélican nourrissant ses petits (symbole de l'Eucharistie). Le retable du croisillon Sud a bénéficié de restaurations récentes : des cariatides supportent un décor avec une frise richement décorée de fleurs, fruits et têtes d'anges. Des peintures imitant le point de Hongrie couvrent entièrement les murs de cette chapelle. C'est également Jacques Clérant qui sculpte le retable du Rosaire en 1712.