Édifiée en 1908 sur les plans de l’architecte Louis Raynaud (1875-1914), la villa Les Jeannettes s’élève en limite du vieux bourg où elle fait office de figure de proue. Avec cette construction, l’architecte s’est délibérément écarté du schéma traditionnel de régularité au profit du pittoresque.
Place à la fantaisie
L’architecte a fait preuve d’inventivité. Les élévations sont à la fois toutes liées entre elles et chacune indépendante des autres. Il s’est complu dans la diversité des baies. Parmi celles-ci, une s’avère particulièrement originale : celle inscrite dans un chambranle circulaire divisé par deux meneaux. On observe ce type de baie dans des réalisations fameuses de l’Art Nouveau, comme à Bruxelles la maison du peintre Albert Ciamberlani, construite en 1897 d’après les plans de l’architecte Paul Hankar.
Une œuvre atypique
L’architecte a procédé à une synthèse étonnante : éléments d’inspiration gothique, comme l’arc boutant de l’entrée, le pélican sculpté en façade, le pignon accentuant la verticalité et le monstre pittoresque accroché à son sommet comme une gargouille ; éléments industriels très modernes montrés sans complexe, comme les poutrelles métalliques et décor de terres cuites industrielles, vernissées ou non. Pour souligner la structure de l’édifice, il a joué des effets de textures et de couleurs, jusqu’à l’exaltation des matériaux.
Une grande variété
Les balcons, tous d’un modèle différent, tantôt en bois, tantôt en bois et fer forgé, témoignent aussi de l’imagination de l’artiste. Enfin, le portail en fer forgé relève également de la mode Art Nouveau. Une correspondance s’impose entre les motifs de feuilles et bogues de marronnier en fer forgé et les feuilles de marronnier sculptées sur l’encorbellement en pierre de l’oriel.
Typique de l’Art Nouveau, la villa Les Jeannettes est l’expression d’un rejet à peu près complet du répertoire académique et des styles ornementaux traditionnels.
La villa Les Jeannettes a été inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 2002.