À l’origine détenu par les comtes d’Auvergne, le fief de Mauzun est cédé en 1209 à l’église de Clermont. Soucieux de se protéger de ces mêmes comtes et de manifester le pouvoir épiscopal – et à travers lui l’hégémonie royale - l’évêque de Clermont fait bâtir vers 1230-1240 à l’emplacement de l’ancien château, une forteresse exceptionnelle par ses dimensions comme par sa conception architecturale. Elle constitue un exemple abouti des constructions dite « philippiennes », selon le modèle royal pratiqué en Ile-de-France par Philippe-Auguste à partir de 1200 et ensuite diffusé dans toute la France.
Une architecture militaireLe château est édifié sur une butte d’origine volcanique dont le basalte a servi à sa construction. Doté de capacités de défense impressionnantes, il présente trois enceintes successives.L’enceinte inférieure était constituée d’un fossé et d’un mur. La seconde est ponctuée de 16 tours semi circulaires reliées par des courtines qui délimitent une basse-cour. Les tours, hautes de 15 mètres et percées de meurtrières, sont bâties sur un même modèle. Au sommet des courtines, la défense est complétée par un chemin de ronde. La basse-cour abritait des bâtiments d’habitation et de service et un réservoir. L’accès à la basse-cour était protégé par une porte d’entrée munie d’une herse, elle-même défendue par une barbacane : située à un emplacement stratégique, en bordure du seul chemin d’accès praticable pour une attaque groupée, cette haute terrasse maçonnée, autrefois munie de créneaux et meurtrières, était propice à l’installation de machines de jet (catapultes, trébuchets…).Enfin l’enceinte sommitale se compose de quatre grosses tours, également reliées par des courtines. Le logis seigneurial était adossé à la courtine nord.
Un lieu de pouvoir politique et religieuxLa forteresse sert à la fois de résidence aux évêques de Clermont, de poste de défense, d’asile pour les populations et vassaux, mais aussi de prison ecclésiastique. L’intervention royale évite à plusieurs reprises que le château ne tombe aux mains d’ennemis. Pendant les guerres de Religion, il est le théâtre d’affrontements entre protestants et membres de la Ligue. En 1595, il sert de refuge aux Jésuites de Billom. Sa démolition est ordonnée par le roi au 17e puis au 18e siècles, mais faute de moyens, il est seulement démantelé. A la Révolution, la forteresse est mise en vente dans un état de destruction avancée pour être dépecée de ses éléments marchands.Aujourd’hui, ses propriétaires s’efforcent de stabiliser les ruines et d’animer le site en l’ouvrant au public.