Longtemps tenus en plein air, les spectacles à Moulins sont abrités après la Révolution dans l’ancienne église Sainte Claire. Mais celle-ci étant trop exigüe et vétuste, la municipalité organise en 1839 un concours en vue de la construction d’un théâtre à l’extrémité de l’actuel cours Jean Jaurès. L’architecte parisien, Hippolyte Duran le remporte et les travaux commencent en 1841. Un vaste bâtiment est édifié, conforme aux traités de construction du début du 19e siècle qui mettent à l’honneur le modèle italien.
Un théâtre à l’italienneLes grands architectes de la Renaissance comme Serlio puis Palladio ont commencé à transformer le théâtre en lui donnant une véritable autonomie architecturale. Dès lors, on privilégie l’illusion et la scène se dilate pour devenir une boîte magique capable d’abriter plusieurs décors. Les côtés s’élargissent pour permettre le mouvement des châssis coulissants, le mur du fond recule, la profondeur des dessous augmente pour abriter la machinerie, tandis qu’en hauteur, les cintres se développent pour faciliter la manœuvre des toiles de fond. Les salles et leurs prolongements, loges et corridors, sont édifiés en anneau autour du parterre. Foyers, escaliers d’honneur, halls et porches se déploient frontalement derrière la façade, donnant à l’édifice une expression monumentale.Ainsi à Moulins, le nouveau théâtre comprend une salle à l’italienne est de 800 places réparties sur quatre niveaux, un vestibule surmonté d’un foyer et d’importants locaux techniques.
Une situation délicateCependant l’architecte a omis une donnée purement locale : le caractère fangeux et instable du terrain, occupant l’emplacement un ancien étang. En 1845, alors que l’édifice est en pleine construction, de nombreuses lézardes apparaissent et les murs de scène menacent de s’écrouler. Il faut démolir toute la partie arrière du bâtiment et se repencher sur le problème des fondations. Le chantier reprend ensuite son cours et le nouveau théâtre ouvre ses portes en 1847.
Néo-classicismeLa façade principale adopte un style néo-classique tel qu’il est pratiqué après 1835, quand les références à l’Antiquité sont progressivement remplacées par l’interprétation qu’en a fait la Renaissance.On retrouve effectivement le langage de l’architecture italienne : avant-corps à deux niveaux d’arcades en plein cintre séparées par des pilastres ou des colonnes, couronné par un attique et entouré de deux ailes à pans coupés.