Dans le cadre des grands travaux d’urbanisme du 18e siècle et de l’amélioration de l’accès à la ville, Louis de Régemortes, ingénieur du roi, apporte enfin la solution aux problèmes posés par l’Allier. Il élargit son lit et met en place, de chaque côté, des levées plus hautes que les crues pour éviter toute inondation. Il construit un pont monumental, alliant résistance technique et monumentalité. En 1753, la vie ouvrière s’organise autour du chantier qui s’achève dix ans plus tard.
L’endiguementLe projet de Régemortes modifie totalement le paysage urbain. Il démolit le quartier ouest de la Madeleine afin de porter la largeur de la rivière de 120 à 300 mètres et la canalise par deux kms de digues de chaque côté. La construction se déroule en deux phases, d’abord les 8 arches rive gauche, à l’emplacement du quartier démoli, puis, une fois la rivière déviée, les 5 autres sur la rive droite.
L’innovation du radier continuLes « palplanches », planches épaisses terminées en pointe et garnies d’un fer, sont enfoncées côte à côte en amont et en aval du futur radier pour faire barrage au sable lors des futures opérations de dragage. Celles-ci consistent à creuser le fond du lit à un niveau inférieur à celui de l’étiage, entre les deux rangées de planches. Ensuite, on utilise une sorte de grand râteau posé sur le fond de l’excavation et manipulé par des barques, pour niveler le sol. Puis les bateaux versent l’argile destinée à étancher le fond de la fosse pour pouvoir évacuer l’eau. Un plancher de chêne est ensuite posé sur le lit d’argile, pour l’empêcher d’être emporté par les remontées d’eau. Sur le plancher de bois, on pose un radier en grès. Ce dallage est encore visible sous le pont.
Les arches traditionnelles en grèsElles sont construites sur un coffrage en bois posé sur le radier. Au-dessus du futur pont, un plancher en bois a été construit pour amener les pierres au-dessus des voûtes.Ensuite, les pierres sont descendues à leur emplacement définitif grâce à une double chèvre.