Cette chapelle, située à l'intérieur du château des Ducs de Savoie, reflète l'évolution de l'architecture et des goûts au cours des siècles. A chaque étape de son évolution, on fait appel à des artistes réputés, provenant d'autres régions.
Une chapelle gothique, signe de pouvoir du duc
La Sainte-Chapelle a été construite de 1408 à 1430, sous l'impulsion d'Amédée VIII. Sur la place du château, le chevet s’intègre au système défensif. La hauteur et l’étroitesse des cinq baies donnent un élan à l’ensemble. Les contreforts, soutenant les arcs-boutants, sont percés d’un chemin de ronde. Le duc fait appel à des artistes venus de Bourgogne pour la réalisation des décors, disparus aujourd'hui. La chapelle est flanquée d’un clocher, construit en 1470.
Un écrin pour une relique précieuse
La maison de Savoie possède à partir de 1453 la relique constitutive de la foi catholique, le linceul qui aurait servi à envelopper le corps du Christ, lors de sa mise au tombeau. Ce suaire est abrité durant plusieurs décennies dans la Sainte-Chapelle, jusqu'à son transfert à Turin à la fin du 16e siècle. Les verrières, réalisées dans la première moitié du 16e siècle, représentent neuf scènes de la Passion du Christ, un thème lié à la relique conservée dans la chapelle. Dans la verrière centrale, le vitrail représentant les saintes Femmes au tombeau est une composition qui rappelle la présence du Suaire de Turin dans la chapelle au 16e siècle.
Les modifications de l'époque baroque
Au 17e siècle, la duchesse de Savoie, Christine de France lance un grand programme de restauration de l’édifice entre 1655 et 1663. La façade de la cour d’honneur est baroque, elle est conçue par Amedeo di Castellamonte, célèbre architecte turinois. Les voûtes de l’édifice sont refaites à cette occasion.
Un décor en trompe l’œil
En 1836, le roi Charles-Albert lance un nouveau programme de restauration et fait peindre tout l’intérieur de la chapelle en trompe-l’œil, selon la mode du temps. Le piémontais Casimir Vicario, qui avait travaillé deux ans auparavant à la cathédrale de Chambéry, en est l’auteur. La restauration de 1959 a fait disparaître une grande partie de ce décor.
Ces dernières années, plusieurs campagnes de travaux ont été entreprises pour mettre en valeur ce monument : les peintures et les vitraux ont été restaurés et un mobilier contemporain a été mis en place.