L’église Saint-Swithun témoigne de la forte présence de la communauté britannique à Aix- les-Bains de la seconde moitié du 19e siècle au début de la Première Guerre mondiale. Station thermale très en vogue, la ville compte plus de 3000 anglais en 1884. Ses équipements urbains et son ambiance évoluent sous leur influence, encore sensible aujourd’hui au travers des noms de nombreux hôtels et de rues: Windsor, Iles britanniques, Bristol, Cottage...
Aix-les-Bains so british ! Au 19e siècle, à l’époque du Romantisme, les Alpes sont à la mode en Grande-Bretagne, première puissance internationale. Aix-les-Bains, ville d’eaux située entre lac et montagnes, attire tout particulièrement la population britannique, qui s’y installe et propose son mode de vie : boutiques spécialisées, salons de thé, mais aussi goût pour la marche en montagne, pour l’herborisation, le dessin et l’aquarelle. Pour la satisfaire, Aix s’équipe d’équipements sportifs de haut niveau qui la caractérisent encore aujourd’hui : golf, hippodrome, club nautique, tennis club et – aujourd’hui disparu – tir aux pigeons ! En 1909, le Cercle organise une grande fête avec bal et feu d’artifice en hommage à la colonie anglaise.
Une église anglicane très fréquentéeL’église Saint-Swithun est édifiée sur le projet du chevalier Samuel Saint-Swithun Burden Whaley, qui obtient des fonds de la ville et des curistes anglophones pour la construire. Elle ouvre au culte en 1870, et est immédiatement très fréquentée. Le journal national Great Britain Messenger note à l’époque que « la vie paroissiale à Aix jouit d’un atout dont peu de villes comparables sont dotées sur le continent ». L’église, aux murs de calcaire et au toit couvert d’ardoises, s’inscrit dans la sobriété des édifices anglicans.
Aix « station des Reines et Reine des stations »La reine Victoria fréquente l’église Saint-Swithun à l’occasion de ses trois séjours aixois, en 1885, 1887 et 1890. Par ses venues fréquentes, elle « consacre » Aix et lui fait prendre le pas sur les stations allemandes. Elle séjourne dans la villa aménagée pour elle par l’hôtelier Bernascon en bordure du parc de Casino, en compagnie de sa fille la Princesse Béatrice. Et malgré son pseudonyme de Comtesse de Balmoral pour plus de discrétion, elle est accueillie avec effervescence dans la ville et épiée dans ses moindres faits et gestes. Elle apprécie les promenades de plein air dans la région aixoise et remplit ses carnets de croquis et d’aquarelles. On raconte même qu’elle achète à un paysan local un âne prénommé Jacquot qu’elle ramène dans les écuries de Buckingham palace, où il devient le favori des petits- enfants de la reine!
L’église Saint-Swithun, rachetée par la Ville à l’église d’Angleterre en 1976, devient un centre œcuménique et culturel. Elle abrite un orgue d’origine très précieux, plusieurs fois restauré, que l’on entend lors de concerts.