Les maisons « à colonnes », Haute vallées de Savoie

Le bâti rural savoyard présente une grande diversité. Il répond à la fois aux contraintes liées au climat, au relief et aux pratiques agropastorales. Ainsi, les vastes toitures, plus ou moins pentues selon qu’il s’agit de garder ou d’évacuer la neige, possèdent de larges débords protégeant des intempéries. Les fermes réservent les plus grands volumes au fourrage et aux bêtes. Autour de Bourg-Saint-Maurice et dans le Piémont voisin, les maisons sont conçues avec d’étonnantes colonnes soutenant judicieusement le débord de toiture.

Une maison-chalet de bois de pierre et de lauzeLes maisons de Haute-Tarentaise (communes de Sainte-Foy-Tarentaise, La Rosière-Montvalezan principalement) construites en pierre sont généralement enduites à la chaux. Le bois, peu utilisé, est réservé aux huisseries, aux charpentes et aux balcons de séchage aménagés sous les débords de toit. Le toit est couvert en lauzes de schiste. De grosses colonnes extérieures en pierre supportent l’avancée du toit, leur nombre est variable. L’utilisation des voûtes d’arêtes permet de réaliser des pièces de grands volumes sans utiliser de bois pour les plafonds. D’ailleurs, au début du 18e siècle, afin de limiter la déforestation dans les vallées, il est préconisé de voûter les caves et les écuries. L’habitation, située au rez-de-chaussée, est distinguée sur la façade par un enduit blanc. L’accès aux pièces en étage se fait soit par l’intérieur grâce à des échelles de meuniers, soit par des accès extérieurs de plain-pied du fait de la pente. La rampe d’accès à la porte du logis repose sur la voûte d’entrée de la cave.

Un modèle architectural ancestral qui inspire les architectes d’aujourd’huiEn 1983, l’architecte Jean-Louis Chanéac, originaire d’Aix-les-Bains, conçut pour la station de ski de Val d’Isère un projet de renouveau architectural du centre ancien du village baptisé « Val Village ». Il s’agissait de réorganiser l’espace urbanisé entre le vieux village et le front de neige de la station, tout en préservant l’identité du site. Pays de pierre, Val d’Isère présentait un modèle d’architecture rurale simple adaptée aux rudes conditions montagnardes à 1 800 m d’altitude. L’architecte « s’inspira » largement de l’architecture des fameuses maisons à colonnes situées en aval de la vallée et dans le Piémont pour imaginer au centre de Val d’Isère les nouvelles constructions. Le succès fut immédiat et le système bâti des maisons à colonnes s’exporta dans toutes les autres stations de sports d’hiver de Savoie et d’ailleurs.