Le Pavillon Anne de Beaujeu, Moulins

La présence d’un château à Moulins est attestée au milieu du 11e siècle. Les sires de Bourbon le bâtirent en haut d’un léger promontoire d’intérêt stratégique. Quand Moulins devint la capitale administrative du duché du Bourbonnais, en 1327, les ducs transformèrent le château pour en faire la représentation symbolique de leur pouvoir, à la fois comme place forte défensive et comme palais. Entre 1375 et 1410, le duc Louis II de Bourbon fit rebâtir le château, organisé en quatre ailes disposées autour d’une cour intérieure.

Un des tout premiers bâtiments Renaissance de FranceQuand, en 1488, Pierre et Anne de Beaujeu devinrent duc et duchesse du Bourbonnais, ils agrandirent le château vers le nord en faisant construire une nouvelle aile, de style gothique flamboyant. A partir de 1497, ils firent édifier perpendiculairement un pavillon de style Renaissance. Il s’agit de l’une des toutes premières constructions Renaissance en France, style découvert par Charles VIII lors de ses expéditions militaires en Italie et introduit en France par les artistes italiens qu’il fit alors venir.L’édifice se compose d’un corps de bâtiment central dont le rez-de-chaussée forme un portique à l’italienne : une galerie ouverte par une série d’arcades régulières. Le décor décline avec délicatesse le vocabulaire ornemental de la Renaissance : pilastres cannelés, feuilles d’acanthe, cornes d’abondance… On trouve aussi de nombreuses références aux Bourbons, comme les initiales des commanditaires, la « ceinture Espérance », le Cerf Ailé ou le Chardon.À l’image du triptyque du maître de Moulins, ce pavillon demeure un témoin de l’ampleur du mécénat des Bourbons.

De l’âge d’or aux destructionsQuand le duché du Bourbonnais fut démantelé, en 1532, le château devint propriété royale, puis propriété du prince de Condé. Mal entretenu, il fut morcelé et vendu comme ruine.À partir de 1839, le pavillon Anne de Beaujeu est utilisé comme gendarmerie, puis sauvé par son classement sur la première liste des Monuments Historiques, dressée par Prosper Mérimée en 1840.Depuis 1907, le pavillon restauré accueille le Musée d’art et d’archéologie.