Lieux de rencontre et de distraction par excellence, les cafés sont nombreux à Moulins à l’orée du 20e siècle ! La vie dans la capitale de l’Allier est rythmée par les différentes animations dans ces espaces de sociabilité que sont les cafés, le théâtre, les cours arborés ou l’hippodrome.
Le décorLe Grand Café, place d’Allier, célèbre établissement de la Belle Epoque, est créé en 1899 par un ancien garçon de café de Montluçon, monsieur Renou. Il en confie la décoration à Galfone, directeur des Beaux-arts de Moulins, qui vient de réaliser le magasin des Palets d’or, rue de Paris, encore visible actuellement. Au Grand Café, les décorations se mêlent aux structures métalliques et les habillent de stuc pour créer de multiples variations de lignes courbes et de guirlandes de feuillages. Les miroirs, qui occupent les murs sur une très large surface, diffusent la lumière et ouvrent la perception de l’espace. Le plafond, peint par Auguste Sauroy, participe à l’ambiance raffinée de l’intérieur. Il présente un ciel orné de fleurs et de femmes personnifiant la fête et le jeu, entourant Gambrinus, symbole flamand de la bière et de la bonne humeur… L’ensemble s’inscrit brillamment dans le Modern Style de ces années, joyeux, exubérant, encore imprégné du néo-Louis XV roccoco
Les distractionsAux innovations architecturales et décoratives, répondent les innovations techniques gages de modernité : automobile du propriétaire des lieux stationnée devant la vitrine, premier téléphone, « cosmorama »... À partir de 1905, le Grand Café attire en effet les passants avec le cinéma de plein air, dont l’écran installé sur la place d’Allier diffuse les images projetées depuis le balcon intérieur disposé au fond de la salle. Ce balcon s’orne d’un garde-corps en fer forgé aux lignes en « coup de fouet » prisées par l’Art nouveau. Il accueille l’orchestre chargé d’agrémenter l’ambiance déjà enjouée du café. Le Grand Café demeure café-concert jusque dans les années 1950-1960.On dit que Gabrielle Chanel y a chanté, de même qu’à la Rotonde, lors de son passage à Moulins entre 1901 et 1906.