Au 18e siècle l’industrie drapière prend son essor à Vienne. La manufacture Charvet côtoie de nombreux ateliers familiaux. Avec l’arrivée de la machine à vapeur à partir de 1838, la ville se couvre d’une forêt de cheminées. De grandes usines regroupent les ouvriers. Certains viennois vous le disent encore : « Mon grand-père travaillait à Vaganay ! », « Ma tante était cardeuse ! ».
La fabrication du drap cardéLa laine Renaissance est un tissu bon marché fabriqué en mélangeant de la laine nouvelle et des chiffons effilochés. La fabrication est longue, avec parmi les premières phases le cardage. La filature façonne le fil en tirant et tournant la matière première. Après le tissage, les finitions améliorent les qualités du tissu. Pendant le foulage, il subit torsions et chaleur afin que les fibres, encore recouvertes d’écailles, se soudent entre elles. Le garnissage (avec un tambour recouvert de chardons !) et la tondeuse adoucissent le tissu. La décatisseuse, avec ses températures chaudes et froides, lui donne sa taille définitive.
Un tissu adapté pour les soldatsLa laine a des propriétés intéressantes pour les uniformes militaires, très demandés dès l’époque de Napoléon. Elle peut absorber un tiers de son poids en eau sans être mouillée. L’eau passe de fibre en fibre jusqu’à la surface pour s’évaporer. La laine tient donc chaud, même humide.
La production textile, notamment les « draps de troupes », fait vivre une grande partie de la population viennoise au 19e siècle. Dans les années 1870, Vienne compte 26 000 habitants ; 15 000 d’entre eux travaillent dans les usines de la vallée de la Gère et à Estressin. Journée de travail de plus de 10 heures, poussière, vacarme des machines, alarmes annonçant les changements de faction… Vienne vit au rythme incessant des usines.
C’est à Vienne qu’un quart des uniformes de l’armée française est produit pendant la Première Guerre mondiale. Dans les années 1950 la situation change. Les usines ont du mal à s’adapter à l’arrivée de textiles innovants et aux changements vestimentaires. Vienne voit fermer une à une ses usines textiles. La dernière filature s’arrête en 1996.
Le musée de la DraperieL’Association Patrimoine Textile crée le musée en 1995. Son objectif est de sauver la mémoire technique de ces savoir-faire. La recherche des machines dure huit ans. Le musée devient municipal en 1999. Il connaîtra bientôt un nouvel élan en déménageant dans le berceau de l’industrie textile, la vallée de la Gère. L'association joue un rôle de conseil.