Ce dessin à la mine de plomb de Raoul Dufy, en dépôt au Musée Faure, croque en effet plusieurs dimensions clé de la ville.
La vie de palace Ce dessin a été réalisé par l’artiste en 1944 à Aix-les-Bains dans une chambre de l’hôtel de l’Europe, qui figure parmi les grands palaces aixois qui ont accueilli de nombreuses personnalités européennes, dont la Reine Victoria, au 19e siècle et à la Belle-Epoque. On y vient en séjour aux bains, pour se soigner aux thermes, mais surtout en villégiature et prendre du bon temps. On entrevoit par la fenêtre le clocheton du casino de la Villa des fleurs. S’y tenaient de somptueuses fêtes, des ballets, opérettes ou spectacles de music-hall.
Le style Art nouveau Le riche décor de la chambre - avec ses boiseries, sa tapisserie, ses tentures, son fauteuil, son tapis, et surtout sa balustrade en fer forgé - témoignent de la finesse et du luxe des lieux de séjour aixois. En excellent dessinateur, Dufy, derrière une apparente facilité du dessin, fait vibrer les formes décoratives et les arabesques du mobilier. Dans la ville aujourd’hui, de nombreux éléments de décor de style Art nouveau rappellent cette époque.
Côté nature En point de fuite du dessin, Dufy représente la montagne de la Dent du Chat, emblématique du paysage aixois. Bordant le lac du Bourget à l’ouest, elle fait partie du patrimoine de la ville d’eaux. Dès le début du 19e siècle, les préromantiques associent la découverte de la nature et de la montagne à la villégiature d’eaux.
Côté culture Le séjour de Dufy à Aix-les-Bains n’est pas dû au hasard. Au cours du 19e siècle et du début du 20e siècle, la ville reçoit de nombreux artistes, dont des hommes de Lettres qu’elle inspire. Parmi eux, le poète Lamartine, auteur du poème Le Lac en hommage au lac du Bourget, mais aussi Balzac, Stendhal, Dumas, Maupassant ou Verlaine, et bien d’autres...
La ville plaisir Cette fenêtre ouverte sur la ville est une invitation à la joie de vivre. « Si je pouvais exprimer toute la joie qui est en moi ! » disait Dufy. Dans ses œuvres, il promène un regard émerveillé sur le monde. Même en 1944, en pleine guerre, il témoigne de cette quiétude à Aix-les-Bains. Dufy a 67 ans lorsqu’il croque cette vue depuis sa chambre d’hôtel.