L’habitat rural de Savoie s’inscrit dans une tradition architecturale alpine qui, en général, réunit sous le même toit hommes, bêtes et fourrage. Son adaptation aux rigueurs géographiques et climatiques de la montagne est remarquable. L’aspect des maisons se différencie selon l’altitude et les techniques de construction varient entre les hautes vallées, pays de la pierre et de la lauze, et les basses vallées, pays des grandes charpentes de bois, du chaume et de l’ardoise.
La pente et le soleil Partout, la localisation des maisons sur les versants obéit à l’exposition au soleil et à la place disponible : les versants d’adret sont largement occupés jusqu’à 1400 ou 1600 mètres d’altitude. La maison est toujours adossée à la pente, par conséquent la partie amont s’enterre à demi et la façade aval est tournée vers la vallée. On entre ainsi de plain pied dans la grange par derrière, et par le côté dans le logement.
Des pierres pour les murs et les toitsEn altitude, où le minéral domine, les édifices sont construits majoritairement en pierre. Le bois de mélèze ou de sapin est réservé aux menuiseries et aux charpentes couvertes de lauzes. Le toit déborde peu, n’offrant que peu de prise au vent. L’abondance de neige explique la forme très haute des souches de cheminée. La majeure partie du volume de la maison est réservé au stockage du foin, fournissant la nourriture nécessaire à l’alimentation du troupeau pendant l’hiver. Quelques balcons de bois, protégés par un léger débord de la toiture, servent au séchage d’un combustible original appelé « grebons » (briquettes de fumier de mouton).
Le village de Bonneval-sur-Arc (Haute Maurienne) par sa position géographique en fond de vallée, au pied du Mont Iseran, est le type même du regroupement humain où toutes les constructions ont été conçues pour résister au long hiver. La pierre est prélevée sur le site est le matériau de choix. Elle est découpée. Les longues pierres de gneiss ou de schiste servent fréquemment de chaînage aux maçonneries et de linteaux pour les portes et les fenêtres. Ce modèle de maison en pierre se retrouve aussi en Haute Tarentaise.
La cohabitation hommes-animaux en hiverDans les villages les plus hauts en altitude et pauvres en bois, une pièce unique, « l’erablo » abritait hommes et animaux pendant l’hiver. Conçue pour économiser la chaleur, elle était parfois à demi enterrée, voûtée et isolée de l’extérieur par plusieurs portes servant de sas : elle servait à la fois de chambre, de cuisine, de séjour et d’étable. Le coin des hommes était recouvert d’un plancher. Sous les lits clos, étaient logés des chèvres ou des moutons, qui apportaient aussi leur chaleur.