Les anges musiciens de Saint-Cerneuf, Billom

Gilles Aycelin de Montaigu, prélat originaire de la région billomoise a mené une brillante carrière ecclésiastique et diplomatique en tant qu’archevêque de Narbonne, puis de Rouen. En 1314, il rédige son testament, où il stipule qu’il choisit pour sa sépulture l’église Saint Cerneuf de Billom. À son décès en 1318, il est ramené dans la chapelle qu’il y a fait construire. L’intérêt de celle-ci réside surtout dans son décor peint.

Une chapelle privéeCette chapelle est construite au sud-est, le long du déambulatoire de la collégiale Saint-Cerneuf. Son plan se compose d’un chevet pentagonal et d’une travée rectangulaire qui culminent à une dizaine de mètres. Elle est couverte de voûtes d’ogives que reçoivent des culots sculptés de têtes naïves. Cette architecture simple relevant de l’art gothique rayonnant est mise en valeur par un programme peint qui articule les éléments structurants.

Un décor peint remarquableL’unité du programme peint trouve son essence dans le symbolisme du passage de la terre au ciel, du monde des vivants à celui des morts.La base des murs est réservée aux préfigures de l’Eucharistie. D’autres silhouettes évoquent les évangélistes et les apôtres. Tous représentent la terre, suggérée par un sol jaunâtre semé de fleurs. Au-dessus, symboles du passage de la terre au ciel, l’Ascension et l’Assomption se font face. A l’est, la représentation de l’Eglise victorieuse, avec sa croix et son calice, répond à la Synagogue, qui n’a plus pour s’appuyer qu’une lance brisée.A l’ouest, le Couronnement de la Vierge, patronne de la chapelle, figure le paradis. Autour d’elle, des anges sonnent de la trompette et entament le concert qui se poursuit dans les voûtains simulant le ciel.Sur les voûtes, paroles et musiques sont mises en scène. Au centre, les quatre évangélistes sont figurés avec leur symbole. Des anges musiciens, tous munis d’instruments à vent, à cordes et à percussions peuplent les voûtains occidentaux.Le maître de Billom tire parti du cadre architectural où il distribue rigoureusement ses figures ainsi que l’organisation pyramidale des anges dans les voûtains. L’utilisation des couleurs, très marquées et vives, est également spectaculaire : il joue sur des fonds de ciel bleu étoilé sur les voûtes, des verts ou des bleus sur les murs le tout cerné de rouge. Ces peintures constituent aussi un jalon dans l’évolution de la peinture murale en Auvergne par le traitement des drapés des vêtements, qui utilisent de manière subtile le jeu des ombres et les dégradés de teintes.