Le parc Jouvet, un jardin composite, Valence

Jusqu’au 19e siècle, la Promenade du Cagnard, le Champ de Mars, l’Esplanade de la citadelle sont les seuls lieux de détente et de promenade publics pour les valentinois. À la fin du 18e siècle, l’évêque ouvre à la population la Promenade Beaux regard dans la perspective de son jardin privé. Cette initiative pousse la municipalité à créer un véritable jardin public pour satisfaire aux exigences d’une nouvelle société urbaine, gagnée aux charmes et aux bienfaits de la nature.

La créationThéodore Jouvet, valentinois fortuné, offre à la Ville l’argent nécessaire pour acheter sept hectares de terrain. Un concours national est lancé pour la création du parc en 1902. Certains projets sont réalisés par des architectes paysagistes renommés dont Jules Vacherot, lauréat du concours et directeur des parcs et jardins de la Ville de Paris. Le projet étant trop coûteux, la réalisation est confiée à un ingénieur local mais selon les plans du paysagiste parisien... Le parc est inauguré en 1905 par le président de la République, Émile Loubet, avec le pont de Valence et le lycée du même nom.

Le dessin du parcOn parle de parc composite parce qu’il allie à la fois une partie dessinée « à la française » et une partie réalisée « à l’anglaise ». Les parcs « à la française » se caractérisent par une géométrie et un dessin rigoureux, les arbustes et les végétaux sont taillés scrupuleusement pour suivre les lignes compliquées d’un dessin qui forment arabesques et dentelles végétales. Les jardins à l’anglaise sont au contraire laissés sous une forme laissant croire à un développement libre de la nature. Les arbres ne sont pas ou peu taillés.À partir du belvédère en surplomb, on descend un escalier monumental à double volée bordé de pièces d’eau symétriques face à une roseraie agencée en demi-cercle. On accède alors à un vaste espace planté de grands arbres et coupé de pelouse sillonnée par de petites allées. 

Les aménagements et la statuaireDe nombreux aménagements enrichissent le parc au fil des décennies. Lors de la promenade on découvre le pavillon du gardien, la sculpture Amour et servitude réalisée par l’artiste Marcel Jacques, élève de Rodin, la serre et l’orangerie, le monument aux morts de la première guerre mondiale et la roseraie créée en 1939.

Les espèces botaniques remarquablesLa présence de canaux et de sources naturelles ainsi qu’une nappe phréatique peu profonde assurent une croissance exceptionnelle des arbres. Certains datent de la création du parc, comme les micocouliers, les cèdres, les magnolias, les tilleuls, les platanes... Les magnolias plantés dans la perspective du château de Crussol sont particulièrement impressionnants. Ils forment un véritable cadre végétal aux ruines situées en arrière plan. Le hêtre à feuilles de fougères ou à pattes d’éléphant, la cathédrale d’ombre, formée par une allée de platanes non taillés d’environ 40 mètres font partie des végétaux exceptionnels. Des espèces exotiques se sont également bien acclimatées comme les Ginkgo Biloba. En 1942, le parc Jouvet est inscrit sur la liste des monuments naturels et des sites à caractère historique, artistique, scientifique, légendaire ou pittoresque. En 2006, le parc Jouvet a obtenu le label « Jardin remarquable ».