La pile du bac à traille qui reliait Viviers à Donzère au lieu-dit Robinet, est un des rares témoins matériel, assez monumental, de ce mode de franchissement du Rhône
Le principe des bacs à trailleLes bacs à traille sont des installations plus ou moins permanentes, destinées à franchir le fleuve. Ce sont des embarcations à fond plat, accrochées aux deux rives au moyen d’une chaine ou d’une corde, appelée la traille. L’embarcation est ainsi propulsée d’une rive à l’autre à l’aide d’une rame, sans risquer de se faire embarquer par les courants.
Un mode de franchissement courantAvant la généralisation des ponts sur le Rhône à partir de 1825, les bacs à traille étaient nombreux sur le fleuve. Les premiers sont attestés dès la fin du 16e siècle. Au début du 19e, les principaux villages riverains du territoire en sont équipés (Baix, Meysse, Rochemaure, Le Teil, Viviers (2), Bourg-Saint-Andéol…). On en fait usage pour les transports régionaux et locaux, des hommes, des animaux (chevaux, moutons, porcs), des récoltes (bois, grains, feuilles de muriers pour l’élevage du ver à soie) et des produits lourds (chaux, pierre….). L’utilisation du bac à traille est un service qui donne lieu à un péage.
Le bac à traille du lieu dit Robinet, à ViviersSelon la configuration des rives, les bacs à trailles sont des installations plus ou moins pérennes. Les chaines ou cordes qui maintiennent l’embarcation peuvent être amarrées à un arbre ou au rempart de la ville (Bourg-Saint-Andéol). A partir du début du 19e siècle, on construit des piles d’amarrages en maçonnerie, réputés être plus solides, et des rampes d’abordage.C’est le cas au lieu dit Le Robinet, au sud de Viviers, dont le bac (appelé bac de Donzère) était considéré comme l’un des plus importants du département.Cette pile de plan carré, de forme tronconique est maçonnée en moellons calcaires et pierres de taille. Un escalier ménagé en pierre jusqu’au sommet permet d’accéder aux câblages. Elle a été dessinée par l’ingénieur Lelage. Sur l’autre rive, la chaine du bac était fixée dans le rocher du défilé de Donzère. Ce bac à traille a été mis en service en 1807 et supprimé dès que le nouveau pont a été en usage (1851).
Des bacs régulièrement remis en service.Régulièrement, les ponts ont subi des dommages dûs aux crues, et des destructions dues aux conflits (démolitions volontaires par le maquis pendant la seconde guerre mondiale). Seuls moyens de franchissement du fleuve, les bacs à trailles étaient alors remis en service.