En 1963, pour faire face à l’accroissement de la population et à la pénurie de logements, le maire de Valence Jean Perdrix décide de créer de nouveaux quartiers appelés « Zone à Urbaniser en Priorité » (ZUP). La conception de la ZUP est confiée à l’architecte-urbaniste André Gomis. Elle est constituée de deux secteurs distincts, le quartier du Plan et celui de Fontbarlettes. Ces deux quartiers sont séparés par un grand parc de vingt-quatre hectares situé sur une zone déclarée inconstructible. En effet, la nappe phréatique est très peu profonde et c’est une zone sensible de pompage d’eau potable.
Un nouveau réservoir d’eauAvant la construction de la ZUP, différents réservoirs participent à l’alimentation en eau potable de toute la ville. Mais la création de deux nouveaux quartiers nécessite un système de stockage d’eau beaucoup plus important pour la population.
Créer un signal fort Par ailleurs, André Gomis souhaite que les nouveaux quartiers soient repérables et identifiables dans le paysage. Il décide la création d’un objet monumental urbain placé au cœur du parc entre les deux quartiers. L’idée d’associer cette œuvre monumentale avec un objet fonctionnel et nécessaire, comme le château d’eau, s’impose alors.
Le sculpteur PhilolaosAndré Gomis fait appel au sculpteur grec Philolaos pour concevoir ce château d’eau. Influencé par la tradition grecque antique, ce sculpteur se tourne peu à peu vers des formes stylisées et abstraites. Pour ce travail, il cherche notamment une forme rappelant la torsion obtenue par martelage de formes métalliques. Il en résulte deux tours qui vrillent sur elles-mêmes en sens inverse, créant une sensation de vertige pour le spectateur. Par ce procédé, il évite toute symétrie et frontalité pour offrir un maximum de mouvement. La monumentalité et l’élégance des tours s’inspirent du célèbre « porteur de veau» (sculpture grecque archaïque qui représente un homme portant un veau sur son dos) que le sculpteur simplifie et réduit à ses lignes essentielles. Il en garde la force et la souplesse.La surface en béton banché est laissée brute de décoffrage et laisse apparaitre volontairement la trace des banches sur la surface des tours.
Rôle des ingénieursLes tours de forme hélicoïdale vrillent sur elles-mêmes et s’élèvent à plus de 50 mètres de hauteur. Le réservoir le plus important contient 1990 m3 soit presque 2 tonnes d’eau stockées au sommet de la tour. C’est un défi technique particulièrement ambitieux. Afin d’allier exigence artistique et contraintes fonctionnelles l’artiste est secondé par des ingénieurs. La stabilité des tours et surtout leur résistance au Mistral sont confiées à des ingénieurs aéronautiques.
Sculpture majeure du 20e siècle, les châteaux d’eau obtiennent le prix du Quartier de l’horloge (prix qui récompense la meilleure réalisation d’art urbain des années 1970 en France) ainsi que le Label Patrimoine du XXe siècle.