La Loire dans le bassin du Puy-en-Velay

Au cœur de l’univers volcanique du Velay, la Loire marque le paysage de son empreinte. Dernier fleuve sauvage d’Europe, et plus long cours d’eau français (1010 km), elle garde un caractère imprévisible comme en témoignent les nombreuses destructions, lors de crues, de ponts et d’usines établis sur son cours.

Un fleuve imprévisible
Jaillissant au pied du mont Gerbier de Jonc, en Ardèche, à 80 km du Puy-en-Velay, la jeune Loire franchit les plateaux granitiques à travers des gorges profondes avant de prendre ses aises dans les bassins fertiles du Velay.
De tout temps, la Loire a connu des crues destructrices. Elle doit son caractère sauvage et imprévisible à l’imperméabilité des sols volcaniques et au phénomène des « pluies cévenoles » qui s’abattent de manière intense au printemps et à l’automne. En Haute-Loire, 107 crues ont été recensées entre 1374 et 1920. Au 20^e siècle, la crue du 21 septembre 1980 inonda 96 communes faisant 7 victimes et plus de 2000 sinistrés sur le département.

Franchir le fleuve et utiliser la force motrice de l’eau
Jusqu’au 19^e siècle, seuls quelques ponts permettent de franchir la Loire dans le Velay. Contrôlés par les seigneurs locaux, ils sont le plus souvent soumis à péage. La ville de Brives-Charensac en compte trois en pierre : le plus ancien, le Vieux pont, dont il ne reste aujourd’hui que deux arches, date du 12^e siècle ; le pont de la Chartreuse, construit au 15^e siècle pour desservir la grande route du Puy-en-Velay à Lyon, est un majestueux ouvrage à 5 arches, à profil en dos d’âne très accentué ; enfin, le pont Galard, de 1772, robuste construction également à cinq arches en pierre soigneusement appareillée, est l’un des ponts les plus importants du Velay avant la Révolution, avec ses 140 mètres de long et 7 mètres de large.
Ailleurs, en l’absence de ponts, passagers, marchandises, chariots et animaux étaient convoyés de part et d’autre du fleuve sur des bacs. Pour se diriger et résister au courant, les passeurs se servaient de perches ferrées et d’une corde tendue entre les deux berges. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du 19^e siècle que l’utilisation du métal puis du béton autorise la multiplication des ponts et la réalisation de grands ouvrages, adaptés à l’intensification du trafic.
Aux 19^e et 20^e siècles, des usines s’installent le long de la Loire, profitant de la proximité de l’eau et utilisant sa force motrice. Ainsi, à Coubon, un industriel en dentelle du Puy, Auguste Vacher, fonde en 1908 les Fileries de la Darne, qui resteront en activité jusqu’en 1976. Les besoins de l’usine, notamment le blanchiment de la teinture du fil, nécessitent la construction d’un pont sur la Laussonne, d’un barrage sur la Loire et d’une usine électrique à Charentus.