Les peintures du roman de Tristan, Saint-Floret

Dans la vallée de la Couze Pavin, le château de Saint-Floret conserve un remarquable décor peint illustrant le Roman de Tristan. Ce rare témoignage de la commande laïque de la fin du Moyen-Age, est aussi l’unique représentation en France de cette histoire légendaire. Il est classé monument historique depuis 1909.

Symbole du pouvoir seigneurialRomans de chevalerie et légendes arthuriennes sont des thèmes prisés par les commanditaires laïques de la seconde moitié du Moyen-Age. Les peintures de Saint-Floret prennent place dans un corps de logis construit au pied d’un groupe castral préexistant, dominé par un donjon circulaire du 13e siècle. Entre 1364 et 1370, Athon de Saint-Floret, seigneur des lieux, commande ce riche décor mural destiné à orner l’aula, vaste salle d’apparat.

Composition du décorOnze tableaux sur les vingt-quatre d’origine subsistent, répartis sur trois parois. La figuration structure l’espace et met en valeur l’architecture. Les scènes s’inscrivent entre les douze quartiers rayonnants de la voûte d’ogives. Les panneaux sont divisés en deux registres superposés, séparés par des modillons en trompe-l’œil et des légendes en prose française. La peinture s’inscrit dans le contexte artistique des prémices du gothique international. La mise en scène des combats, effectuée à la détrempe use de détails réalistes et s’essaie à la perspective sur un fond de ciel rouge, réalisé à fresque.

Combats et amour courtoisLa représentation puise à une double source : la compilation en prose de Rusticien de Pise, Meliadus, et la version de Béroul. Le thème de l’amour courtois est présent dans la « Rencontre au verger » où s’animent les visages finement modelés de Tristan et Iseut, surveillés par le roi Marc, caché dans un arbre. Chevaliers et écus se déploient sur les murs avec Branor le Brun combattant Karados ou Palamède délivrant Tristan.Redécouvert en 1862 par les peintres-restaurateurs Anatole Dauvergne et Antonius Mayoli, ce décor a fait l’objet de relevés, pour partie exposés au musée des Monuments français, actuelle Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris.