Le château d’Alleuze

Le pittoresque site d’Alleuze est l’écrin d’un château médiéval isolé dont la haute silhouette domine, sur son éperon rocheux, les gorges d’un affluent de la Truyère. En contrebas de l’ancienne forteresse se trouve l’église Saint-Illide, édifiée à partir du 12e siècle.Ce site remarquable a été classé en 1933, six ans après la protection du château et de l’église au titre des Monuments Historiques.

Une histoire mouvementéeLes évêques de Clermont furent les commanditaires du château au milieu du 13e siècle. Pendant la guerre de Cent Ans, à partir de la fin du 14e siècle, l’histoire de la forteresse est des plus mouvementées, car les évêques n’en assuraient pas la défense. Ainsi, en 1383, Bernard de Garlan, dit « le méchant bossu », chef d’une bande de pillards s’en empare facilement et s’y installe avec ses hommes. N’ayant jamais été délogés par la force, ils ne quittent les lieux qu’en 1391, en échange d’une importante rançon.L’évêque de Clermont n’étant toujours pas disposé à faire garder le château, en 1405, les milices de Saint-Flour le démantèlent partiellement, afin qu’il ne tombe pas à nouveau entre de mauvaises mains. À l’issue d’un procès, l’évêque en obtient la restauration par les Sanflorains, ainsi que le versement de lourdes indemnités.Au début du 16e siècle, l’évêque François de la Rochefoucauld cède le château à la famille de Lastic. Celle-ci en conserve la propriété jusqu’à la Révolution, au cours de laquelle il est confisqué et devient propriété de la commune.  

Une architecture « royale »Les vestiges visibles aujourd’hui sont ceux du château du 13e siècle, mais dont le niveau supérieur a été reconstruit au début du 15e siècle. Malgré l’escarpement du site, il offre un plan régulier qui suit le modèle royal diffusé à partir de 1200 par Philippe-Auguste et adopté par les évêques de Clermont pour leurs différents châteaux. Il est caractérisé par un plan rectangulaire flanqué de quatre tours d’angle, avec un système de défense active, incluant l’aménagement de nombreuses archères – ici 36 ouvertures de tir. La maçonnerie est réalisée en petit appareil irrégulier. L’intérieur, aujourd’hui en ruines, comportait deux niveaux habitables et une cave.