En 1988, c’est en creusant le parking souterrain de la place de l’Hôtel de Ville que des vestiges antiques sont mis au jour. Les archéologues découvrent une magnifique statue féminine sans tête, qui est restaurée avant d’être intégrée à la collection du musée lapidaire d’Aix-les-Bains. Elle renforce les éléments de la période romaine aixoise, dont subsistent aujourd’hui le Temple de Diane, les Thermes romains, l’arc de Campanus et des quartiers de villas.
Sans tête et sans identité ? Qui se cache derrière cette superbe statue, à échelle plus grande que nature? Les archéologues ont plusieurs théories : la proximité des thermes romains suggère qu’il peut s’agir d’une représentation de la déesse de la mythologie grecque Hygie, vouée à la santé, à la propreté et à l’hygiène. Sa taille impressionnante et la connaissance de la pratique d’un culte impérial dans le vicus orientent aussi vers l’idée d’une statue honorifique, peut-être celle de l’impératrice ? Enfin, il était usuel pour les romains de l’époque de copier les statues grecques, celle-ci est vêtue d’une tunique typique de la Grèce antique, le péplos : elle est identifiée comme la « Perséphone de Corinthe », déesse des Enfers et du renouveau de la fertilité au printemps. Or, quelle qu’en soit l’interprétation, il est certain que la statue, en excellent état de conservation, a été à l’origine abritée dans un espace protégé et fait l’objet de culte.
Vêtue « à la romaine »La starue est revêtue d’une tunique extrêmement fine qu’on dit « plissée à l’ongle », chaque pli est marqué à l’ongle pour donner ce tombé très régulier. On devine un tissu très fin et très fluide, quasiment transparent, probablement un lin léger pour que les plis demeurent marqués. Par-dessus, une toge plus épaisse dont l’étoffe, peut-être un lainage, lourde et tombante qui présente des plis plus arrondis et très creusés. Elle est fixée sur l’épaule droite grâce à une fibule ronde, dont le musée possède un exemplaire proche. D’autres petites fibules maintiennent les plissés au niveau du bras droit. En plus du rendu maîtrisé des textiles, le sculpteur a su rendre l’impression du corps sous ces tissus. La poitrine, le fléchissement très naturel du genou, le léger arrondi au niveau du ventre et les pieds sont très réalistes.
Ambassadrice du vicus Tout comme cette femme demeure mystérieuse, la vie du vicus aixois à l’époque romaine reste peu connue. Les céramiques retrouvées laissent à penser que leur production et leur commerce sont prospères et que le vicus accueille de grandes foires commerçantes. Grâce à l’épigraphie, on sait que des règlements régissent la vie publique et que l’on pratique le culte impérial. Mais, il reste un pan de cette histoire à écrire par les archéologues-chercheurs.