Courchevel

La Tarentaise est une vallée savoyarde qui concentre un très grand nombre de stations de sports d’hiver. Sa géographie a été favorable à l’installation d’immenses alpages, support essentiel à l’aménagement des grands domaines skiables, tels les Trois Vallées, l’Espace Killy ou Paradiski. Durant plusieurs siècles, la vallée a vécu de l’agropastoralisme (aujourd’hui encore bien présent), puis l’industrie en fond de vallée, l’hydroélectricité et enfin l’essor des sports d’hiver ont transformé la vallée. Certains villages sont devenus des stations-villages (Val d’Isère, Pralognan-la-Vanoise) et en altitude de véritables cités des neiges sont sorties de terre, comme Courchevel, station dite de « deuxième génération », à partir de 1946.

La naissance de CourchevelInstallée sur la commune de Saint-Bon-Tarentaise, Courchevel est une station de sports d’hiver dont l’initiative vient du Conseil général de la Savoie, en novembre 1945. En mai 1946, ce choix est entériné par une délibération municipale de la commune de Saint-Bon. Le site choisi est le plateau d’alpage des Tovets, à 1800 m d’altitude. Dans les années 1930, la commune connait déjà un léger développement touristique avec des chalets-hôtels installés à Courchevel (1500 m) et Moriond (1 600 m). Ces lieux sont des montagnettes, c'est-à-dire des sites occupés par les familles locales de manière temporaire, au printemps et à l’automne, mais qui en hiver, donnent accès à des champs de neige, propices à la pratique du ski. Cependant, aucune remontée mécanique n’existe pour atteindre les sommets environnants. La décision du Conseil général de la Savoie va bouleverser l’économie locale en construisant pour la première fois une station de ski sur un site vierge.

Une station de « deuxième génération »A partir de 1946, pour la première fois, on fait le choix d’un site en altitude, sans occupation permanente par l’homme (un alpage) et bien exposé (versant Nord) pour construire une station de sports d’hiver. Une équipe d’ingénieurs et d’architectes est choisi pour élaborer le plan de la nouvelle station. Laurent Chappis, désigné comme architecte-urbaniste en chef et en compagnie de Maurice Michaud (ingénieur des Ponts et Chaussées), conduit le projet de la station de Courchevel. Sur place, après plusieurs repérages à pied et à ski, il conçoit le plan d’urbanisme et imagine le tracé des pistes en tenant compte des éléments naturels : rochers et forêts sont intégrés aux nouvelles constructions, l’exposition plein Nord et la situation en plateau permettent le maintien du manteau neigeux et ouvrent le site sur un vaste cirque montagneux, abrité des vents. Toutes les pentes convergent naturellement vers le plateau des Tovets rapidement rebaptisé « Courchevel ». C’est la grenouillère, c'est-à-dire le lieu où se retrouvent les skieurs et non-skieurs, autour du front de neige, des parcs de stationnement, des voies d’accès et des départs de remontées mécaniques. L’urbanisation se développe le long des pistes en privilégiant un accès direct « ski aux pieds » pour les hôtels, les résidences et les chalets. C’est l’un des succès de Courchevel qui, d’abord conçue comme une station sociale, devient en quelques années une destination haut-de-gamme.

Nouvelle architecture de montagne, innovation du domaine skiableDès les débuts de la station, l’équipe d’architectes composée de Laurent Chappis, Denys Pradelle et Jean-Marc Legrand imagine une nouvelle forme d’habitat touristique en montagne pour loger les citadins-skieurs. Après avoir étudié les fonctions de l’habitat traditionnel et les contraintes de l’altitude, l’atelier d’architecture de Courchevel conçoit des chalets-skieurs aux formes modernes et adaptés à la vie en pleine neige : constructions isolées ou mitoyennes, toits à un pan ou en « ailes de papillon » (pente inversée pour la toiture, avec un creux au centre), façades vitrées et ouvertes sur l’extérieur, pièces à vivre en porte-à-faux sur jambes. Les premières commandes voient le jour en 1949 et le succès est immédiat. A partir de 1954, l’arrivée du champion de ski Emile Allais bouleverse l’organisation du domaine skiable de la station. Il est le premier à imaginer des pistes pour les skieurs débutants, la préparation estivale des pistes et met au point les secours sur piste. Ses innovations servent de modèle pour de nombreux domaines skiables en France et dans le monde.La station est la seule (de par son histoire architecturale) à posséder plusieurs chalets-skieurs protégés au titre des Monuments Historiques, comme le chalet Joliot-Curie, illustrant l’atelier d’architecture de Courchevel.

Les Trois Vallées, le plus grand domaine skiable du mondeCourchevel appartient au domaine skiable des Trois Vallées, considéré comme le plus vaste du monde (600 km de pistes, 180 remontées mécaniques). Il regroupe les stations de Méribel, La Tania, Saint-Martin-de-Belleville, Les Menuires, Val Thorens. Les villages de fond de vallée (Brides-les-Bains et Orelle) sont reliés mécaniquement aux Trois Vallées. Cette région située dans le massif de la Vanoise est reconnue très tôt (dans les années 1920 et 1930) pour ses capacités skiables, puis de nouveau en 1942 et enfin en 1946 avec le lancement de Courchevel qui devient le premier maillon de ce vaste aménagement dédié aux sports d’hiver. En 2015, Courchevel possède une capacité d’accueil touristique de 35 000 lits (pour une population permanente de 2 000 habitants). Au sein des Trois Vallées, cette capacité d’accueil grimpe à 140 000 lits.