Au début du 20e siècle, la situation ferroviaire exceptionnelle de Chambéry conduit la compagnie des chemins de fer PLMà construire une rotonde, inspirée par l'architecture métallique de Gustave Eiffel. Elle est ouverte en 1910 pour 72 locomotives qui disposent de 36 voies en étoile. Ses 110 mètres de diamètre en font la plus grande rotonde métallique de France.
Un bâtiment pour l'entretien et la réparation des locomotives
L'intérêt d'une rotonde est avant tout pratique. Auparavant les remises d'entretien et de réparation des locomotives établies parallèlement aux voies occasionnaient des manœuvres délicates et fastidieuses. La surface circulaire offerte par cette rotonde permet d'orienter les locomotives sur des voies rayonnantes depuis son centre au moyen d'un pont tournant. Ce type de construction a été choisi dans le souci de pouvoir abriter les machines entre deux courses.
Une charpente métallique
Avant la généralisation du béton armé, la rotonde de Chambéry est l'une des dernières grandes réalisations françaises constituées d'une charpente métallique articulée de grande portée. Celle-ci se compose d'une partie annulaire de 27 mètres de large reposant sur les 18 piliers de pierre du mur polygonal, et d'une coupole de 55 mètres de diamètre soutenue par des piliers métalliques dans le prolongement des arcs. Des barres de contreventement empêchent la coupole de vriller sous la pression du vent.
Les menaces sur le bâtiment
Lors de l'électrification du réseau (la ligne Chambéry-Modane fut l'une des premières lignes électrifiée entre 1923 et 1930), les voies rayonnantes de la rotonde sont électrifiées, permettant le maintien de son utilisation. Le bombardement de 1944 l'épargne, bien que les installations ferroviaires soient la cible des Alliés ! On aurait pu craindre une destruction rapide de la rotonde au lendemain de la seconde guerre mondiale, mais sa démolition ne sera pas envisagée avant 1980.
Un patrimoine aujourd'hui reconnu
Quelques cheminots, convaincus de l'intérêt du bâtiment, sensibiliseront la direction de la SNCF à la conservation de ce précieux témoignage industriel du début du siècle. En 1984, la rotonde de Chambéry est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Elle fait partie des édifices chambériens reconnus par le label XXe siècle. Entièrement restaurée entre 1997 et 2009, cette rotonde est encore utilisée de nos jours pour l'entretien d'environ 50 locomotives journalières.