Trois édifices remarquables de l’époque Renaissance sont protégés au titre des Monuments historiques : la Maison des Têtes, la Maison Dupré-la-Tour et le Pendentif. Ces trois bâtiments illustrent différentes approches de l’architecture et du décor au 16e siècle.
La rue Perollerie – une ancienne rue commerçanteCette rue témoigne des rues de l’époque médiévale et de la Renaissance : il n’y a pas de trottoir mais une rigole centrale pour recueillir les eaux de pluie mais aussi les eaux usées lorsqu’il n’y avait pas encore d’égoût. La rue est bordée d’immeubles présentant de grands arcs de boutique, c’est-à-dire des ouvertures larges en plein cintre qui permettaient d’abattre un étal en bois sur la rue pour permettre aux clients de juger la marchandise. La Maison Dupré-la-Tour fait partie de ces édifices commerciaux anciens avec deux arcs de boutiques et une porte cochère très bien conservés.
La famille Genas et le commerce du sel à ValenceCette maison semble avoir appartenu à François de Genas dans la première moitié du 16e siècle. La famille de Genas, enrichie grâce au commerce du sel, était une des plus grosses fortunes de la ville à la Renaissance. Idéalement située en bordure du Rhône, Valence est une halte privilégiée pour le débarquement du sel en provenance des salines royales du Languedoc. Le sel est à cette époque une denrée chère et nécessaire, objet de toutes les convoitises, et surtout d’un impôt obligatoire: la gabelle.
La distribution autour de la cour La maison a la particularité de posséder deux ouvertures, une à l’Ouest sur la rue Perollerie et l’autre à l’Est sur le square Bonaparte ; c’est une parcelle traversante de 34 mètres. L’immeuble est disposé autour d’une petite cour centrale qui ouvre sur la salle basse avec sa cheminée, sa pile (désigne ici un évier) et son potager. Dans un angle de la cour, se dresse la tourelle d’escalier qui abrite un escalier en vis. La tourelle est support d’un décor sculpté caractéristique de la Renaissance : candélabres, putti, guirlandes, arabesques, pommes de pin. Les influences italiennes sont multiples comme les nombreuses références à l’Antiquité.Le linteau historié raconte un épisode de la mythologie grecque : le jugement de Pâris. Les trois déesses, Héra, Athéna et Aphrodite sont encore visibles ainsi que l’enlèvement de la Belle Hélène par le jeune prince de Troie. Il s’agit d’un décor et d’une thématique relativement savants, témoins de l’humanisme de la Renaissance.
La tourelle d’escalier est classée au titre des Monuments historiques en 1927.