Enroulé autour d’un pic volcanique, le village d’Usson domine la plaine d’Issoire et le val d’Allier. Cette position privilégiée justifia la construction d’une puissante forteresse où Marguerite de Valois vécut de 1586 à 1605. Cet épisode s’inscrit dans le contexte de confusion politique et militaire des guerres de religion. D’abord prisonnière, Marguerite de Valois rétablit sa position et entretient une cour princière.
Une forteresse médiévale et royaleEn 1387, le château des comtes d’Auvergne intègre l’apanage du duc de Berry et rejoint le domaine royal en 1416. Il est considéré au 15e siècle comme l’une des plus fortes places du royaume. D’après une représentation figurant dans l’armorial de Revel, le château était dominé par un donjon quadrangulaire précédé de trois enceintes. Une quatrième enceinte protégeait le village et l’église. La forteresse est rasée en 1633 dans le contexte d’affirmation du pouvoir royal sur la noblesse locale.
Une figure historique et mythiqueFille d’Henri II et de Catherine de Médicis, celle qui épouse en 1572 lors d’un mariage politique, Henri de Navarre, chef des protestants puis roi Henri IV, est une figure princière de premier plan de la seconde moitié du 16e siècle. Réhabilitée par l’historiographie contemporaine, son rôle politique et artistique fut longtemps obscurci par le « Divorce satyrique », pamphlet anonyme du 16e siècle, et la légende de la Reine noire. Tout en assurant sa postérité, la littérature et le cinéma contribuent aussi à troubler son image, du « Discours sur Marguerite » de Brantome (1665), au roman d’Alexandre Dumas « la Reine Margot » (1845) ou au film de Patrice Chéreau (1994).
De l’exil à la cour d’UssonD’abord prisonnière, Marguerite négocie dès 1587 les conditions de sa liberté et retrouve son statut de châtelaine, le château faisant partie de sa dot. Elle entretient à Usson une cour florissante accueillant artistes et écrivains de renom, comme Honoré d’Urfé. Elle tient correspondance et rédige ses Mémoires, parmi les premiers du genre. « Démariée» d’Henri IV en 1599, elle s’assure le soutien de la noblesse auvergnate et reconquiert ses possessions en tant que comtesse d’Auvergne. Leur legs au futur Louis XIII achève l’intégration de l’Auvergne au domaine royal à sa mort en 1615.