Dans la seconde moitié du 17ème siècle, le duc de Savoie Charles-Emmanuel II souhaite dérouter vers ses terres du littoral lémanique les flux commerciaux passant par Genève. Il confie à Laurent Dental, un charpentier naval de Nice, et à son équipe, la tâche de construire deux bateaux beaux, grands, solides et pouvant, si besoin, s’adapter à un usage militaire. La construction a lieu à Thonon en 1671. Les hommes s’inspirent des embarcations à voiles latines de la Méditerranée mais les adaptent à la navigation sur le Léman : tirant d’eau (distance verticale entre la ligne de flottaison et le bas de la quille) plus faible et dimensions plus importantes.
L’âge d’or des barques latines va de la seconde moitié du 19ème siècle à la Grande Guerre. Une centaine d’embarcations sont construites entre 1890 et 1910. Elles sont particulièrement adaptées au transport de matériaux : du bois mais surtout de la pierre, du sable et des graviers. Leur capacité se situe le plus souvent entre 80 et 150 tonnes de pierres. Sur les barques, les quatre à six bateliers à la manœuvre sont appelés « bacounis ».
En déclin dès l’entre-deux-guerres, les grandes barques à voiles latines disparaissent progressivement du paysage lémanique. La dernière est construite dans les années 1930.
La barque La Savoie
La Savoie, dont le port d’attache est à Évian, est la réplique d’une barque à voiles latines, construite en 1896 près de Genève.
Elle a été construite à Thonon entre 1997 et 2000 par des bénévoles de l’association Mémoire du Léman. La barque mesure 35 m de long, 8 m de large et comporte 350 m² de voilure. Les essences de bois présentes, épicéa, chêne, châtaignier, sont issues, comme autrefois, de forêts alentours.
La Savoie vogue chaque été sur le lac. C’est le plus grand bateau à voiles latines naviguant actuellement sur le Léman.