L’Ardèche connaît une forte croissance industrielle au 19e et au début du 20e siècle. C’est dans ce contexte de croissance que s’est développée l’entreprise Lafarge, qui a donné lieu à la construction de plusieurs types d’habitats ouvriers, dont la Cité Blanche.
Une entreprise en développement au 19e siècleFondée en 1833 par deux frères, Édouard et Léon Pavin, du lieu-dit de Lafarge — ils deviendront Pavin de Lafarge —, l’usine de chaux et de ciments connaît un développement important tout au long du 19e siècle. Produisant une chaux bien meilleure et plus résistante que celles fabriquées par ses concurrents, l’usine est dynamisée par l’existence d’un vaste marché en métropole et dans les colonies (ports…) et le rachat d’entreprises locales.
La cité ouvrière LafargeLe besoin en salariés devenant de plus en plus conséquent, ceux-ci arrivent de la montagne ardéchoise, puis des pays frontaliers. Rapidement, la famille Pavin de Lafarge construit une cantine et un dortoir pour ses ouvriers. Mais, en 1880, elle va plus loin en construisant une véritable cité où elle loge les ouvriers et leurs familles.La Cité Blanche (du prénom de l’épouse décédée de Raphaël de Lafarge) est constituée d’un bâtiment de 190 mètres de long abritant 30 logements composés d’une salle commune au rez-de-chaussée et de deux chambres à l’étage. On distingue les logements d’ouvriers et ceux des contremaitres, plus élevés, avec cuisine, chambres au rez-de-chaussée et sous les combles. La Cité Blanche est également pourvue de potagers individuels, de deux écoles – pour filles et pour garçons – du cercle Saint-Léon, lieu de détente où les ouvriers peuvent profiter d’une buvette, d’une boulangerie ou encore d’un hôpital.Une seconde cité est construite en 1913 face à la première. Le long bâtiment comporte cinq niveaux Dans son prolongement est bâtie l’église Saint-Victor où est assuré le service religieux destiné aux ouvriers.Cette vie communautaire des salariés de l’usine Lafarge se poursuit jusqu’aux années 1950. Puis, les bâtiments se vident progressivement. Destinée à la destruction, la cité ouvrière Lafarge est sauvée et inscrite au titre des Monuments historiques en 1995. Une poignée d’anciens ouvriers y vivent toujours.La construction de ces cités ouvrières se rattache au courant du paternalisme social, caractéristique du patronat catholique du 19e siècle, où la prise en compte des besoins des ouvriers et de leur famille induit une fidélisation et s’accompagne parfois d’un contrôle social (fréquentation de l’église, bonne tenue du potager, etc.).