Les alpages, Haute vallées de Savoie

Les alpages sont exploités depuis la haute Antiquité. Longtemps, ils ont permis de fournir une grande partie de l’alimentation et ont été le moyen de se procurer le numéraire nécessaire aux achats indispensables comme le sel, les outils, les tissus. L’élevage (vaches laitières, moutons, chèvres) est lié aux alpages, symbole toute la vie des hautes vallées de Savoie. Le mot alpage vient du celte « alpe » ou « aulp », signifiant« pâturage d’altitude ». Exploitée depuis l’ère pré-romaine, « l’alpe » a donné son nom à toute la chaîne des Alpes. Deux races de vaches sont bien adaptées depuis l’Antiquité à la montagne, les Tarines et les Abondance.

Les remues La vie de l’alpage et ses « remues », nomadisme à déplacement vertical, est ancestrale. Autour de la Seconde Guerre mondiale, le système agropastoral mute. Si à l’origine le système associe production céréalière et élevage, il est désormais exclusivement destinée à la production laitière bovine. Les « remues » s’effectuent entre trois zones bien distinctes, situées à des altitudes différentes : habitat permanent (jusqu’à 700 à 800 mètres d’altitude),  « montagnette » (de 1 100 à 1 400 mètres) jusqu’au sommet de l’alpage (1 800 à 2 000 mètres). Ces remues étaient effectuées avec personnel et famille, car le travail en montagne nécessitait beaucoup de bras, et avec tout le matériel nécessaire, sans oublier chien, poules et cochons….En Savoie, les paysans confient leurs vaches au « montagnard » (alpagiste) pour « l’estive » de juin à la « démontagnée » de septembre. les vaches broutent tout autour du chalet d’alpage, les hautes praires riches d’une flore abondante. La traite a lieu deux fois par jour par tous les temps. Depuis les années 1970, les clôtures électriques et les machines à traire ont modernisé la vie en alpage.

Fabriquer du fromage Le système des alpages (appelés aussi « montagnes »), spécificité des hautes vallées, est au coeur de la fabrication du fromage. C’était à l’origine une façon de transformer le lait produit en été, de le stocker et de le rendre transportable dans de bonnes conditions sanitaires.Pour faire les gros fromages comme le Beaufort, il fallait réunir au minimum le produit d’une centaine de vaches, engager un fromager, longtemps venu de Suisse, détenteur des secrets de fabrication. Une première grande révolution agricole au cours du 17e siècle est liée à la technologie fromagère avec l’invention et la diffusion des fromages « à pâte pressée cuite » de type « gruyère ». Ces fromages se conservent longtemps, jusqu’à une année et plus, et se transportent facilement : ils font rapidement l’objet d’un commerce nécessitant des capitaux et dégageant des bénéfices. La reconstruction de la quasi-totalité des églises au cours des 17e et 18e siècles en style baroque, témoigne de l’aisance des communautés de haute montagne, riches de leurs alpages. 

La tradition de l’alpage est toujours forte et on compte aujourd’hui cinq AOP : Beaufort, Abondance, Tome des Bauges, Reblochon et Chevrotin, et deux IGP, la Tomme de Savoie et l’Emmental de Savoie.