Le viaduc de Garabit

Le viaduc de Garabit enjambe les gorges de la Truyère. Construit entre 1880 et 1884, ce colosse de fer est une véritable prouesse technique pour l’époque.

L’arrivée du chemin de ferÀ partir de 1837, date à laquelle est inaugurée la première ligne de transport ferroviaire de voyageurs, le réseau de chemin de fer se développe et tend au maillage de tout le territoire français. A partir de 1861, une ligne est établie dans le Cantal entre Arvant et Massiac, puis jusqu’à Murat et Aurillac en 1868. Mais en 1875, le train ne dessert pas encore la Margeride, région au relief accidenté et terre de paysans qui manifestent peu d’intérêt pour le train. Cependant les producteurs de roquefort de l’Aveyron et les vignerons du Languedoc, qui montent à Paris vendre leurs marchandises, ressentent le besoin d’une liaison ferroviaire joignant Marvejols au sud et Neussargues plus au nord. Face à la montée du mécontentement, la ligne Marvejols-Neussargues est déclarée d’utilité publique en 1874.

Les hommes du viaducEn 1878, un jeune lozérien de 28 ans, Léon Boyer, ingénieur des travaux publics très brillant en poste à Marvejols, travaille à la réunification de la plus problématique des voies ferroviaires de l’hexagone : celle de Paris à Bézier. On dit de lui que c’est un homme entreprenant qui travaille « à annuler les extravagances de la nature et corriger les injustices de la géographie. » Il rêve d’un pont qui enjamberait ces montagnes et relierait enfin le Massif central au reste de la France. Sur l’exemple du Pont Maria Pia au Portugal, réalisé en 1876 par l’entreprise Eiffel, il propose un viaduc survolant la vallée de la Truyère au lieu-dit de Garabit. En juin 1879, l’État signe un marché avec l’entreprise Eiffel, considérée comme la seule capable de réaliser ce projet ambitieux.

La construction du viaducLes travaux débutent en 1880. Les pièces qui le constituent sont usinées près de Paris puis acheminées en train jusqu’à Neussargues. Le transport est ensuite assuré par de longues caravanes d’attelages de bœufs ou de chevaux. En 1880, on commence par édifier les piliers en granit, puis les piliers en métal, de forme pyramidale afin de résister au vent. Les pièces sont ensuite assemblées grâce à la technique du rivetage à chaud. On construit ensuite, de chaque coté, sur le plateau, un tablier, hissé grâce à d’énormes leviers actionnés par 25 ouvriers. Puis les deux parties du tablier sont réunies à l’aplomb des deux piliers centraux, grâce à la technique du lançage (action par laquelle on pousse sur les piliers les tabliers construits sur les rebords du plateau, derrière la culée). Des piliers en bois provisoires sont installés pour les soutenir. En 1883, débute la construction des arcs. Les deux portions s’élancent en même temps depuis les rives à la rencontre l’une de l’autre et sont reliées en 1884 par clavage. De 1992 à 1998, le viaduc est repeint en rouge Gauguin, couleur initiale de la tour Eiffel en 1889. Depuis 2001, il s’illumine la nuit grâce à l’installation de plus de 350 projecteurs. Aujourd’hui, la ligne des Causses (Neussargues-Béziers) est considérée comme une des plus belles de France, mais aussi une des plus tortueuses …