Le monument des fusillés, Soubizergues

Ce monument commémore la mort de vingt-cinq otages fusillés par les Allemands le 14 juin 1944.

Des jours tragiquesLe 9 juin, sont arrêtés à Saint-Flour trois inspecteurs de la Sûreté et deux autres personnes qui ont pris part aux pourparlers avec un petit groupe de soldats allemands en vue de leur reddition.Le 10 juin, dans le cadre d’une opération plus vaste contre la Résistance, la Gestapo et la Milice arrêtent à Saint-Flour une quarantaine d’habitants, parmi lesquels figurent trois membres de la famille Mallet, l’épouse du docteur, sa fille et l’un de ses fils. Ils sont enfermés à l’hôtel Terminus, siège de la Gestapo, où ils sont regroupés avec les personnes arrêtées le 9. Le 12 juin, arrivent treize personnes arrêtées à Murat par Geissler, haut responsable du Service de sécurité du Reich, qui trouve la mort au cours de l’opération.Dans la nuit du 13 au 14 juin, une réunion des autorités allemandes et des responsables de la Milice se tient dans l’une des salles de l’hôtel pour régler le sort des prisonniers. Une liste de vingt-cinq otages à fusiller (israélites, musulmans, résistants) est alors établie.Transportés sur deux camionnettes, ils sont fusillés dans le dos au Pont de Soubizergues. Ils ont vraisemblablement été exécutés selon la volonté de la Gestapo et du service de sécurité pour venger la mort de Geissler.Les Allemands ne quittent Saint-Flour que dans la nuit du 23 au 24 août 1944. Le 27 août 1944 a lieu la première cérémonie à Soubizergues, en présence de 8 000 personnes.

La construction d’un monumentLe monument a été implanté en 1945 sur le lieu même de la tragédie, par le Comité du Souvenir qui en assura le financement. Il a été inauguré le 14 juin 1946 en présence des autorités civiles et militaires départementales et des associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Il se compose de vingt-cinq stèles et d’une pierre dressée. Sur chacune des stèles figurent le nom et l’âge de la victime, à l’exception de quatre qui portent un « inconnu ».La pierre dressée en forme de tronc de pyramide est ornée sur une face d’une croix de Lorraine et porte la mention : « Le 14 juin 1944, au bas de ce talus, 25 patriotes furent fusillés par les Allemands », sur l’autre face, une croix de Lorraine et la mention « A nos Martyrs ».

Le temps de mémoireChaque année, le 14 juin, à 6 heures du matin, sur le lieu même de la fusillade, se déroule une cérémonie avec un dépôt de gerbe et le ravivage de la flamme. Elle est très émouvante car les participants se replacent dans les mêmes circonstances : l'heure - c'est encore la nuit, la brume, le silence qui pèse, la présence des anciens combattants, des enfants et petits-enfants des victimes, des collégiens qui éteignent leur torche les uns après les autres, symbolisant les pertes de chaque vie pour notre liberté. Les victimes, dont certaines  n’avaient que 16 ans ou 20 ans, étaient d’origines et de confessions différentes.